La vallée de l’Esteron est à elle seule un but de voyage. Une nature quasiment vierge et cette rivière qui ondoie entre méandres et petites cascades.
Le village de Sigale est à 660 mètres d’altitude, à son entrée on découvre la chapelle saint Sébastien et une croix de mission, datée du 26 décembre 1823.
Sur la place de l’église, une fontaine avec des inscriptions en latin et un pressoir L’église paroissiale saint Michel date du XII° siècle, elle est romane et fut construite par les templiers. Sur un petit tertre, il y a un clocher plus moderne, pour y accéder, demander la clé au café de la place, là se trouvent les ruines de l’ancien château.
Le village de .Sigale fut d’ailleurs fortifié, au pont vous pourrez voir la borne de l’ancienne frontière entre les royaumes de France et de Sardaigne. Il existe d’ autres vestiges des anciennes fortifications, depuis la place de la Claste, vous descendez vers une ancienne porte, puis rue de Vesigeale, un mur d’angle des anciens remparts vous attend.
On quitte ce petit village par ce bel après midi et l’on se dirige vers Roquesteron quatre kilomètres plus bas. La vallée, la garigue, les oliviers, les arômes de lavande et de thym qui se mélangent, tout cela sera votre récompense.
Après le croisement routier pour Aiglun, on retrouve l’Esteron qui coule vert et bleu et son chant cristallin remonte jusqu’à vous. La nature est ici vraiment intacte, sur une vaste partie du parcours, pas une habitation et l’on déguste alors ce privilège, celui d’être à l’origine du temps. On admirera l’oratoire de notre Dame d’Entrevignes et sa chapelle aux belles fresques murales.
Quand on arrive à Roquesteron Puget, il y a deux cimetières, l’un Musulman et l’autre Chrétien. Devant l’entrée de ce dernier il y a un monument érigé en hommage à un monsieur Clérici, qui sauva le 1 juillet 1850 un enfant de six ans dans l’incendie de la maison d’Auguste Faissole de Sigale. Cette dernière se trouvait au quartier du Claus. L’église de Roquesteron, saint Arige date de 1735.
On verra rue des Alziary un cadran solaire de 1881. La plus vieille maison selon Eliane, je reviendrai sur ce personnage haut en couleur, se trouve rue du docteur Passeron, un linteau indique 1694. Dans cette rue, vous passerez sous une maison pour y découvrir une cour avec des façades aux pierres apparentes et un escalier vermoulu. Une odeur de ranci s’en élève.
Il faut franchir l’Esteron et on se retrouve de l’autre coté de la frontière entre le Comté et la Provence. Une borne sur la passerelle marque la limite. Vous grimperez un petit monticule qui vous mènera à sainte Pétronille. Cette chapelle est templière et est entourée par son petit cimetière. On peut y voir le Riou se jeter dans l’Esteron.
Les ruines d’un château domine celle-ci. Je vous ai parlé d’Eliane : on va faire sa connaissance et le personnage est vraiment intéressant. Elle vous raconte sa vie et parle de Carnoules, là où elle est née, mais avec son bagout, je la soupçonne d’avoir connu Honorine. D’entrée elle vous tutoie et vous avoue ne pas aimer les bigotes qu’elle appelle les punaises de sacristie. Elle vous parle de Tania Viserova , cette danseuse qui aurait été amie du roi Zog d’Albanie et ajoute qu’elle est enterrée à Roquesteron.
Avec Eliane la conversation est riche et elle vous livre des petits secrets : comme celui des pruneaux que l’on trempe une nuit dans le thé avant de les laisser macérer dans l’eau de vie. Elle devient médecin et vous explique ses cataplasmes : de la mie de pain trempée dans le lait avec du safran ou encore comment soigner un panaris avec la peau d’un œuf. On va quitter avec regret Eliane.
Dans le car un coup d’œil en arrière, elle continue et discute maintenant avec un autre, trop tard pour saisir sa conversation si pimentée. Le car , lui aussi est un spectacle avec ce chauffeur qui connaît tout le monde et devient en moins d’un kilomètre votre ami.
