La crise liée au nombre inédit de migrants et de réfugiés qui arrivent en Europe depuis plusieurs mois n’est pas un phénomène passager et demande de la part des gouvernements, des institutions européennes et des citoyens européens des réponses à la hauteur du défi humanitaire, social et économique qu’elle représente.
Si l’Europe, à ses heures terre d’émigration, a été depuis des décennies une destination privilégiée pour tous ceux qui, à commencer par les ressortissants de ses anciennes colonies, cherchaient un avenir meilleur, elle est aujourd’hui prisée avant tout par ceux qui, Syriens, Libyens, Erythréens ou Irakiens, fuient les persécutions et la guerre.
Des guerres dans lesquelles les pays européens ont joué – par leur intervention ou leur indifférence – un rôle. Ils ont donc une responsabilité, sinon juridique et/ou morale.
Il y a certes parmi les dizaines de milliers de personnes qui frappent aux portes de l’Europe, des migrants économiques, à la recherche d’un travail et d’une situation meilleure pour eux et leur famille.
Ils ne devraient pas être confondus avec les réfugiés, mais devraient bénéficier de procédures d’accueil simplifiées, à travers les antennes de l’UE dans les pays concernés. Et surtout, ils devraient bénéficier d’une meilleure image au sein de l’opinion publique.
Pour cela, les responsables politiques européens devraient cesser de véhiculer l’idée selon laquelle l’immigration économique est une menace pour notre bien-être et notre Etat providence : plusieurs études démontrent, chiffres à la clef, tout le contraire.
Ils menaceraient notre civilisation et notre culture ? Elles sont bien assez ancrées et solides – et elles s’exportent déjà pas mal par ailleurs.
Ce n’est peut-être pas facile en temps de crise économique, mais par définition, c’est aux leaders de mener leurs concitoyens, et non de suivre les pulsions de la foule. Or pour y faire face et défendre ce qui est juste, il faut de la stature et de la vision, ce dont manquent cruellement nos dirigeants actuels. Les négociations autour des quotas de réfugiés en ont fourni une preuve encore tout récemment. I
Les valeurs qui caractérisent notre continent – l’humanisme et la solidarité – ont encore la côte.
Ce sont elles qui ont poussé les partisans de l’unité européenne à mettre de côté leurs rancœurs et leurs intérêts particuliers après le carnage de la Seconde guerre mondiale pour créer un ensemble devenu la première puissance économique et un modèle social pour le monde entier et qui a assuré la paix entre ses membres.