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22 novembre 2024

Cristou Daurore, un Niçois aux couleurs occitanes sur fond d’indépendantisme

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Cristou Daurore est professeur de niçois et animateur à Radio Pantaï, une radio associative niçoise qui émet en nissart, provençal et alpin. Mais à côté de ça, il est avant tout Président de la Cri, élu en 2009. Ce personnage atypique nous dit tout sur le combat qu’il mène pour l’indépendance de l’Occitanie et apporte sa part de lumière dans ce sujet souvent resté dans l’ombre de l’incompréhension.


occitanie.jpgC’est jour de fête nationale en ce mardi 11 septembre en Catalogne et pour l’occasion, les catalans, jamais à bout de leur combat, reviennent en force dans les rues de Barcelone pour faire entendre une fois de plus leurs revendications auprès de Madrid. Il est donc primordial de faire un point sur la situation des indépendantises occitans français qui ont appelé à être solidaire avec leurs voisins catalans.

Nice Premium : «Qu’est-ce que vous attendez de la manifestion d’aujourd’hui ?»

Cristou Daurore : «On espère que les catalans accèderont à l’indépendance. Ca montrera qu’au sein de l’Europe, on peut avoir des Etats moyens qui savent se gérer. On attend un effet boule de neige pour ainsi faire prendre conscience qu’en plus de la langue, au niveau de l’échelle économique, la gestion d’un petit territoire simplifie les choses. L’occitanie aide beaucoup la Catalogne; il y a un avenir qu’on pense prospère et la Catalogne nous montre l’exemple.» Nous sommes très attentifs à ce qu’il se passe en Catalogne, à Barcelone et nous utiliserons les mêmes méthodes pour réussir autant qu’eux.

N P : «Quelles sont clairement les revendications de la República Federala Occitana ?»

Cristou Daurore : «La República Federala Occitana c’est une république qui, pour le moment, n’est pas dite officielle puisque les territoires qui représentent l’Occitanie sont éparpillés. On compte 33 départements dans le sud de la France, 12 vallées en Italie, un petit morceau de l’Espagne et Monaco. La première revendication est linguistique, l’occitan est une langue co-officielle en Espagne, elle est une langue de la République en Italie ( mais facultative) et à Monaco, elle fait partie intégrante du dialecte. En France, la seule langue officielle est le français et ça, ça pose problème. Cependant, depuis 1951, on nous autorise à enseigner l’occitan mais ce qu’on voudrait c’est un statut officiel. La France est l’un des rares pays à ne pas avoir ratifié la Charte des langues minoritaires. Tout ça pour dire que le volet linguistique est fondamental : si la langue meurt, le territoire n’a pas lieu d’exister. Au sein de La República Federala Occitana on aspire à l’indépendance.»

N P : «Pensez-vous être moqué des partis politiques et bureaucraties en place ou sont-ils plutôt craintifs ?»

Cristou Daurore : «On a dorénavant cinq conseillers régionaux élus aux dernières éléctions régionales, dont deux en P.A.C.A, notre dernière manifestation pour la langue occitane à Toulouse a réuni plus de 30 000 personnes … Etant donné, qu’on commence donc à avoir des élus (des maires et un élu européen), on commence à être pris au sérieux mais on commence à peine. Toutes nos revendications sont pacifiques et pourtant ceux qui emploient la violence ne nous entendent pas, ça c’est un regret ! Du côté des deux grands partis, l’UMP et le PS, nous ont toujours fait tout un tas de promesses concernant l’enseignement des langues historiques mais on attend toujours.»

NP : «Au passage, le sujet dont vous défendez les couleurs, n’a pas été évoqué lors des précédentes éléctions présidentielles; quel est l’avenir du mouvement ?»

Cristou Daurore : «Il n’y a que deux candidats qui ont abordé la question. Eva Joly a d’abord tenté de parler aux médias de cette problématique linguistique, quant à François Bayron, lui-même occitan, il a eu le souhait de promouvoir l’apprentissage de l’occitan à l’école. Ce qu’on attend maintenant, c’est que François Hollande tienne ses engagements, il a promis de ratifier la Charte des langues minoritaires. Ce qui est intéréssant, c’est que le Président actuel est lié à EELV (Europe Ecologie Les verts) qui a obtenu un groupe parlementaire au sein duquel, siège un député indépendantiste breton. Je pense donc que le thème sera vite abordé et ça prouve que c’est un sujet qui intéresse les français qui parlent ces langues historiques.»

NP : Aujourd’hui votre mouvement semble pacifiste mais pourquoi sonne-t-il comme un mouvement séparatiste ? Enfin, quels rôles les médias jouent-il dans l’évolution de ce mouvement ?

Cristou Daurore : Je préfère le terme d’unification puisque l’Occitanie est partagée en quatre Etats dont un seul est dépendant et souverain : Monaco. Alors, séparé de la France, oui, mais pas de l’Europe.
Il ne faut plus raisonner avec des Etats-nations comme la France qui essaie d’uniformiser tous les peuples qui la constitue. Tôt ou tard, dans l’histoire, on a vu que tous les peuples opprimés avaient obtenu leur indépendance. Je prends l’exemple de Nice, où rien ne se fait sans l’autorisation de Paris (les projets de la plaine du Var). Nous ne sommes pas maitres localement de nos projets. Dans le passé la centralisation à Paris était excessive et elle perdure aujourd’hui encore au niveau de l’Education nationale. On souhaite une Occitanie fédérale, j’insiste !
Concernant, la question relative aux médias, il y en a très peu qui emploient notre langue sur le territoire occitan. C’est très réduit et ça touche une toute petite population. Nous, on fait passer le message suivant aux médias français : on ne veut pas mourir mais renaître !

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