Avant d’être à mobilité réduite, Jacques Dejeandile reste un homme. Un homme débordant d’énergie. À 49 ans, il mène une double vie : il est journaliste dans l’émission « Télé matin », diffusée sur France 2, au côté de William Leymergie. Depuis le mois d’avril 2008, il occupe également la fonction de subdélégué au handicap à la mairie de Nice. Comment parvient-il à concilier les deux ? « Tout est question d’organisation », répond-il. Les raisons de son investissement pour la ville de Nice ? « Je trouvais que ça ne bougeait pas beaucoup » en matière de handicap.
Depuis son entrée au Conseil Municipal, Jacques Dejeandile n’a jamais baissé les bras. Il se bat avec acharnement pour permettre d’améliorer le quotidien des personnes handicapées. Il est à l’origine des bus « Mobil Azur », ces transports à la demande qui rendent une autonomie et une liberté aux personnes en situation de handicap. L’inconvénient ? La réservation de ce bus se fait la veille voire un mois avant. Entre février et mars, un système expérimental sera mis en place : les personnes à mobilité réduite auront la possibilité d’être transportées dans la demie heure ou les 45 minutes qui suivent leur appel. « Si cela fonctionne, le système sera généralisé ». Mais ce n’est pas tout… Jacques Dejeandile est l’instigateur des « handiplages » pour que les personnes handicapées puissent profiter de la saison estivale comme il se doit. Entre le 15 juin et le 15 septembre, elles ont la possibilité d’aller se baigner à la mer, accompagnées d’handiplagistes, des jeunes formés au handicap.
Des projets à venir ?
Rendre Nice totalement accessible aux personnes handicapées serait « un espoir utopique ». Mais Jacques Dejeandile redouble d’imagination : « comme on a mis des vélos bleus, je voudrais qu’il y ait des scooters électriques à quatre roues ». L’objectif : offrir la possibilité aux femmes enceintes, aux personnes âgées ou handicapées de circuler dans la ville. Bien entendu l’engin ne pourra pas dépasser la vitesse des six kilomètres par heure. « On est en train de faire un appel d’offre au niveau européen ». La municipalité envisageant de mettre à la disposition des Niçois des voitures électriques, Jacques Dejeandile a émis le souhait qu’elles soient adaptées aux personnes handicapées. Pour trouver une solution, « les ingénieurs de Nice Côte d’Azur s’arrachent les cheveux », confie-t-il avec humour.
« Ça bouge à Nice mais c’est un gros travail »
Depuis que Jacques Dejeandile remplit le rôle d’élu à la mairie, des efforts considérables en matière de handicap ont été menés à bien. Hélas, de nombreux points demandent encore à être améliorés. Certains endroits ne lui sont pas encore permis. C’est le cas du Palais des expositions : le plan incliné n’est pas exactement aux normes. Fin 2011, devrait se dérouler le salon autonomie « qui doit par définition accueillir de nombreuses personnes en fauteuils roulants ». D’ici là, le lieu devrait se rendre plus facile d’accès. Autres endroits non adaptés : certains musées privés et publics. « Ils vont devoir se rendre accessibles par la loi d’ici 2015 ». « Mais il ne faut pas se cacher la vérité. Dans certains musées, il existe des difficultés purement techniques ». Aux lieux qui précèdent viennent s’ajouter les salles obscures accessibles, mais où les emplacements réservés sont le plus souvent isolés en des points bien précis. Jacques Dejeandile regrette la loi adoptée par les cinémas d’où découle cette situation. Il n’hésite pas à donner l’exemple d’un cinéma totalement accessible à Paris. « Vous avez la possibilité même avec un fauteuil roulant de vous mettre à côté d’une personne valide. Si vous avez envie de vous mettre sur un fauteuil, parce que c’est plus confortable, vous en avez la possibilité ». Jacques Dejeandile ne désespère pas que les cinémas niçois prennent exemple sur les salles obscures parisiennes.
Malgré ces difficultés, il s’est adapté à sa ville et accepte quelques défaillances : « Je ne suis pas un pro de l’accessibilité ». « Il ne faut pas exagérer ». Il cite volontairement la salle des mariages de la mairie qui n’est pas aux normes : « s’il fallait faire un plan incliné, cela prendrait la moitié de la salle ». « Pour monter une marche en fauteuil, il n’y a pas besoin de trois déménageurs bretons ou niçois », énonce-t-il avec humour. En 30 ans, il a su apprivoiser son handicap et faire face aux contraintes imposées pour vivre sa vie pleinement et la plus simplement possible.