Lors de la splendide cérémonie d’ouverture des Jeux de la Francophonie , le rappeur Kery James et son groupe ont chanté et rythmé un morceau nommé » Banlieusard ».
Eric Ciotti et Christian Estrosi ont tout de suite exprimé leur ire : » Cette chanson qui appelle à la révolution dans les banlieues n’avait pas sa place ici » en se déchargeant de toute responsabilité: « La présence de Kery James n’était pas prévue. Elle a été imposée par l’Elysée par le biais de Yamina Benguigui, c’est proprement scandaleux! »
Etant donné que Christian Estrosi est le président du Comité National de la Francophonie, cette déclaration semble donc difficile à croire.
Etant présents à la cérémonie d’ouverture, nous n’avons pas entendu les fameux hués du public mais plutôt des applaudissement à la fin de l’exécution de la chanson, peut-être de soulagement parce qu’elle était par contre un peu trop longue et monotone.
On comprend mal cette inutile polémique parce qu’aucune incitation à la révolution (dans le sens qui lui est habituellement attribué) n’est contenue dans ce texte où on parle « des inégalités dans la France d’aujourd’hui » et invite, positivement, à la réaction.
Alors, pourquoi allumer le feu d’une controverse qui n’en est pas une, tout juste un exercice solitaire ? Il est difficile de donner crédit à la supposition d’Eric Ciotti * qui voit la longue main de l’Elysée derrière la performance musicale du rappeur. Il est plus facile d’y voir son obsession à critiquer le Président de la République, son gouvernement et ses ministres en tout acte et circonstance.
De plus, attaquer si indument Madame Benguigui n’est pas seulement inélégant mais aussi hors-sujet. Le Président de Conseil Général n’a-t-il pas vu que la Ministre n’est pas un redoutable adversaire politique mais une gentille dame pleine de bonne volonté sans véritable poids politique ?
Cet écart de langage mérite censure et renvoi son auteur à une utilisation des outils de communication moins agressifs : Il n’est pas nécessaire de bombarder son prochain plusieurs fois par jour pour rester au centre de l’attention.
Quant au rappeur Kery James, il faut se féliciter que, par le biais de la musique, il ait trouvé sa voie et le succès donnant du corps à son incitation à « réagir ». Tant mieux pour lui et bon vent. Par ailleurs, ses sermons pseudo-philosophiques ne nous intéressent pas plus que ça.
Et pour finir, si on doit vraiment parler des » banlieusards », les vrais, on préfère penser à tous celles et ceux qui n’ont pas pu exprimer leur talent faute d’opportunité et parfois pour cause de discrimination. Et encore plus à toutes et tous les anonymes qui, chaque jour, font et subissent, avec courage et dignité , beaucoup de choses dans le but et l’espoir d’avoir une vie meilleure pour eux-mêmes et pour leurs enfants.
Et si nos illustres élus se calmaient un peu ?