L’édition 2014 du « Classement mondial de la liberté de la presse » révèle l’impact négatif des conflits sur la liberté de l’information et ses acteurs. Le rang d’un certain nombre de pays est également affecté par une interprétation trop large et abusive du concept de la protection de la sécurité nationale, aux dépens du droit d’informer et d’être informé. Cette dernière tendance constitue une menace croissante au niveau global, dangereuse pour la liberté de l’information jusqu’au cœur des « États de droit ».
Le classement est établi, cette année, sur 180 pays contre 179 dans l’édition précédente. La Finlande conserve son rang de meilleur élève, en occupant pour la quatrième année consécutive la première place du classement. Elle est talonnée, comme dans la dernière édition, par les Pays-Bas et la Norvège.
À l’extrême opposé, en queue de classement, le « trio infernal » réunit à nouveau le Turkménistan, la Corée du Nord et l’Érythrée, des pays où la liberté de la presse est tout simplement inexistante.
La France, elle, est en 39ème position.
Le classement 2014 souligne logiquement la corrélation négative entre un conflit – ouvert ou non déclaré – et la liberté d’information. Dans un contexte d’instabilité, les médias sont des objectifs et des cibles stratégiques pour les groupes ou individus qui tentent de contrôler l’information en violation des garanties apportées par les textes internationaux, en particulier l’article 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, les conventions de Genève de 1949 et leurs protocoles additionnels I et II de 1977.
Le 26 novembre 2013, l’Assemblée générale des Nations unies a adopté par consensus sa première résolution sur la sécurité des journalistes et sur la création de la Journée internationale contre l’impunité des crimes contre les journalistes, qui sera célébrée le 2 novembre. Cette résolution est sans conteste un pas supplémentaire dans la bonne direction. Elle vient compléter la résolution 1738 condamnant les attaques perpétrées contre les journalistes dans les situations de conflits armés, initiée par Reporters sans frontières et adoptée par le Conseil de sécurité des Nations unies en décembre 2006, ainsi que le Plan d’Action des Nations unies sur la sécurité des journalistes et l’impunité, adopté en avril 2012.
Les pays qui se prévalent de l’État de droit ne donnent pas l’exemple, loin de là. La liberté de l’information cède trop souvent devant une conception trop large et une utilisation abusive de la sécurité nationale, marquant un recul inquiétant des pratiques démocratiques. Le journalisme d’investigation en pâtit parfois gravement avec des reculs marquants, dans un contexte accru de traçage des sources et de chasse aux lanceurs d’alerte.
L’indice annuel de la liberté de la presse, inauguré lors du Classement 2013, confirme une dégradation, à l’échelle mondiale, de la situation du droit d’informer et d’être informé. L’indice passe de 3 395 à 3 456 (+61), soit une augmentation de 1,8 % qui révèle une légère dégradation globale de la liberté de l’information entre l’édition 2013 et l’édition 2014 du Classement mondial.
Si l’année 2013 a été moins meurtrière pour les journalistes que la précédente, marquée par une hécatombe pour la profession, les agressions et menaces ont été plus nombreuses. La hausse de l’indice s’explique par l’évolution non seulement des exactions, mais aussi de l’ensemble des indicateurs utilisés pour compiler le classement:
le pluralisme, c’est-à-dire la représentation des opinions dans les médias ;
l’indépendance de ces mêmes médias par rapport aux différents pouvoirs politique, économique, religieux et militaire ;
- La qualité du cadre légal qui encadre les activités d’information ;
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La transparence des institutions qui régissent ces activités ;
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La performance des infrastructures qui les soutiennent ;
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Le climat général dans lequel s’exerce la liberté d’informer.