Des tensions entre le maire de Nice (Horizons), Christian Estrosi, et le préfet des Alpes-Maritimes, Hugues Moutouh, secoue la ville, depuis quelques jours. Sur fond de violences liées au narcotrafic, les accusations fusent et les répliques se multiplient.
Le climat à Nice devient de plus en plus tendu, ces derniers jours. Alors que la ville lutte contre une recrudescence des violences liées au narcotrafic, en particulier dans le quartier des Moulins, le ton monte entre Christian Estrosi et Hugues Moutouh. Depuis juillet, la situation est au bord de l’explosion. La mort tragique de sept personnes, dont quatre mineurs, dans un incendie criminel lié au narcotrafic a fait des Moulins un symbole de cette insécurité qui grandit à Nice. Ainsi, Christian Estrosi, maire de Nice, pointe du doigt la gestion de la crise par le préfet des Alpes-Maritimes.
« Les policiers sont absents de la lutte contre le narcotrafic », a-t-il dénoncé dans une interview à Nice-Matin. Pour lui, le problème est clair. Il s’agit d’une « question de commandement, de compétence et de responsabilité ». Une critique acerbe qui montre bien l’ampleur du désaccord entre la municipalité et la préfecture.
« Moi, les deux claques et au lit, je les attends toujours ! »
Une vieille citation refait surface pour illustrer ce conflit. Ainsi, Christian Estrosi, remonté, n’a pas hésité à rappeler les propos de Hugues Moutouh. Alors préfet de l’Hérault, Moutouh avait fait cette déclaration choc. « Si ces enfants sont élevés comme des herbes folles, faut pas s’étonner qu’à 12 ans, ils caillassent la police. La méthode, c’est deux claques et au lit ! ».
En réaction, « Moi, les deux claques et au lit, je les attends toujours ! », a lancé le maire. Estrosi réclame aujourd’hui des mesures fortes. Tout d’abord, un préfet dédié spécifiquement à la lutte contre le narcotrafic dans les Alpes-Maritimes. Également, il souhaite le déploiement d’urgence de la force Sentinelle dans les quartiers sensibles. Il en appelle à une réponse vigoureuse, à la hauteur des enjeux. Pour le maire, Hugues Moutouh n’est plus l’homme de la situation. Il veut un préfet « compétent qui protège les gens », pas un « préfet bulldozer ».
La réplique de Hugues Moutouh
Face à cette offensive, Hugues Moutouh a décidé de ne pas rester silencieux. Mais plutôt que d’attaquer frontalement le maire, il a choisi une réponse plus subtile. De surcroît, le Préfet a publié un message sur X ce lundi. Il défend vigoureusement les forces de l’ordre, rappelant qu’elles ne « mérit(ai)ent pas un tel dénigrement ». Le préfet reconnaît que la lutte contre le narcotrafic est un combat difficile. Cependant, il insiste sur l’importance du travail des policiers. « Pour combattre la délinquance, il n’y a pas de recette miracle ni de potion magique », affirme-t-il, avec des forces de l’ordre placées en « première ligne ».
Réaction de Patrick Allemand
Alors que la situation se tend, Patrick Allemand, président du comité de ville du PS de Nice, s’est également exprimé. Pour lui, les accusations d’Estrosi envers Moutouh manquent de crédibilité. « Cela fait des années que le maire de Nice est resté les bras ballants devant la montée du narcotrafic », déclare-t-il. Il rappelle qu’au-delà des tensions actuelles, la situation sécuritaire de la ville est aussi « d’abord son échec ». Depuis qu’Estrosi est en poste, « il y a eu neuf préfets dans les Alpes-Maritimes, mais il n’y a eu qu’un seul maire », souligne Allemand. La situation actuelle, avec la cité des Moulins devenue une plaque tournante du narcotrafic, est pour lui un « bras d’honneur autant pour l’État que pour le maire ».
Pas la première fois que Christian Estrosi est en conflit avec un préfet
Les relations ont déjà été orageuses par le passé, notamment sous Adolphe Colrat, préfet entre 2013 et 2016. À l’époque, Estrosi n’avait pas hésité à critiquer ouvertement Colrat. Il aurait déclaré que le passage du préfet dans le département avait été « une douloureuse exception ». Aujourd’hui, avec Hugues Moutouh, la situation semble se répéter.
En parallèle, avec le ministère de l’Intérieur actuellement en charge des affaires courantes, la situation pourrait bien s’enliser. En l’absence de décisions claires, la bataille des mots entre Estrosi et Moutouh pourrait se prolonger. Pour l’instant, chacun campe sur ses positions.