Après un été turbulent, où la menace de dissensions était bien affichée, la paix des braves semble être revenue à l’UPE06 en vue des élections consulaires qui donneront une nouvelle gouvernance à la CCI .
La primaire interne pour désigner la candidat à la candidature avait été rude, avec trois concurrents qui ont voulu aller jusqu’au bout : le ballottage favorable (41 à 40) à Jean-Pierre Savarino, vice-président sortant et adoubé par l’ancien président Bernard Kleynhoff reconverti à la politique sous la protection de Christian Estrosi et nouveau conseiller régional, a laissé un goût amer à Bernard Chaix, chef de file des commerçants et à Laurent Lachkar, l’autre candidat.
De plus, la tentative du groupe vainqueur de liquider l’opposition en excluant de la liste des 59 candidats que des fidèles avait créé un malaise et provoqué une vive réaction des perdants.
Résultat : une deuxième liste, toujours issue du milieu associatif patronal, était montée et prête à aller au combat.
Un beau « début » pour Philippe Renaudi, lui aussi nouvellement élu à la tête de l’UPE06…
Comme toujours dans ces cas, les « pontiers » sont passé à l’action, repris le fil du discours pour arrondir les angles, appeler à l’union , soigner les égos etc
Résultat final : un compromis a été trouvé, le couperet remis dans le tiroir, les déclarations d’unité remises à l’honneur et une liste d’union a été présentée hier par les protagonistes avec les phrases de circonstance et des sourires figés.
Jean-Pierre Savarino sera le prochain président et soit Bernard Chaix que Laurent Lachkar auront des responsabilités importantes. Un pourcentage élevé (40 %) de leurs soutiens intègrent la liste UPE06.
Jean-Pierre Savarino a payé le prix qu’il fallait pour cette « union » et pourra se dédier à la mise en place de son programme qu’il définit comme « un enjeu à multiple facettes »: l’aménagement du territoire, les services aux entreprises, la formation, l’international, l’attractivité de la Côte d’Azur, les transports et le logement des actifs.
La déclinaison des axes majeurs n’a pas échappé au traditionnel blabla : le changement dans la continuité, l’efficacité de l’action, la collaboration de tous etc etc.
On le sait bien, dans ces cas, la musique est toujours la même.
Mais là, il y a un bémol : la présence dans la liste du président sortant Bernard Kleynhoff qui, comme on l’a dit, est aujourd’hui un élu politique et de surcroît président de la commission économique de la Région PACA.
Au delà de la légitimité formelle, ce choix n’est-il pas une invasion, une sorte de mise sous tutelle, une évidente compromission entre deux institutions ? Se demandent les plus curieux ?
« Non ! » affirme Jean-Pierre Savarino, bien au contraire, « Ce sera une utile passerelle pour que nos demandes et nos dossiers trouvent audience ».
Quelques expressions narquoises des présents laissent planer le doute. Ne nous a-t-on pas appris que le langage du corps est plus parlant de celui des mots ?
Comme déclaration d’éthique et de probité on a déjà vu mieux !
Une ombre se profile derrière cette nouvelle gouvernance de la CCI : le doute que le vrai pouvoir de décision réside ailleurs, chez les argentiers régionaux qui tiennent le cordons de la bourse des subventions et investissements. D’ailleurs, les Régions sont délégataires des rapports avec l’Union Européenne, de la politique de développement économique, de la formation et des transports.
On sait que Bernard Kleynhoff est un fidèle de Christian Estrosi, président de la Région, et que celui-ci aime bien garder la main sur les centres du pouvoir de « son » territoire.
Des réflexions autour des concepts d’autorité, pouvoir, soumission ou encore du conditionnement pourraient trouver terrain fertile pour des considérations appropriées du point de vue déontologique.
Ceci dit, il y aura la suite des faits qui nous diront si, comme l’écrivait Platon (livre V de la République, allégorie ou mythe de la caverne) « Les hommes enchaînés en se retournant ne voient que les ombres » .