Inauguré le 19 décembre 1989 le Théâtre national de Nice est sur le chemin de la destruction. L’une des statues qui se trouvaient sur son parvis a été enlevée, symbolisant le début de la fin pour l’édifice. Une démolition voulue par le maire de la ville Christian Estrosi, qui rencontre une forte opposition.
« C’est une part de l’âme culturelle de la ville de Nice qui va être mise à terre par une forme de folie mégalomane et de dérive personnelle », s’insurge le député les Républicains Éric Ciotti qui interpelle la ministre de la Culture Roseline Bachelot à l’Assemblée mardi 1 janvier. Une attaque verbale destinée au maire de Nice, Christian Estrosi, et à son projet de faire détruire le Théâtre national de Nice (TNN). Une première étape de la démolition qui a commencé dans la nuit de mardi à mercredi. La statue « Monstre du Loch Ness » de Niki de Saint Phalle a tiré sa révérence. Elle se situait sur le parvis depuis 2001. Cette sculpture de 5 mètres sur 3 a été empaquetée et emportée dans un lieu gardé confidentiel. Elle devrait par la suite trouver sa place sur le prolongement de la promenade du Paillon. La semaine prochaine, c’est l’œuvre « Stabile-mobile » d’Alexandre Calder qui va céder la sienne.
La première étape de la destruction de ce bâtiment commence avec le désamiantage du théâtre. Sa démolition devrait s’étendre jusqu’à la fin de l’année. Un chantier qui devrait générer 13 000 tonnes de déchets. Cependant, une grosse partie devrait être recyclée. Les plaques de marbres qui recouvrent la façade de l’édifice seront réutilisées. La municipalité les avait fait changer il y a un peu plus de 10 ans pour un montant de 10 millions d’euros.
Député contre Ministre
Ce projet qui a pour but de remplacer le TNN par un prolongement de la promenade du Paillon continue de s’attirer les foudres de l’opposition. Eric Ciotti s’est adressé directement à Roseline Bachelot dont le ministère est responsable de la culture : « Madame la Ministre, solennellement, aujourd’hui je vous demande d’être fidèle à ce qu’avaient fait vos illustres prédécesseurs pour préserver des éléments du patrimoine niçois ». Une demande à laquelle elle a répliqué : « L’état du bâtiment ne répond plus aux besoins techniques, fonctionnels et artistiques. Il nécessite de lourds travaux de remise aux normes entre 12 et 18 millions. Et ne permets plus de déployer une capacité d’accueil et une offre culturelle adaptées aux besoins de la population ». Elle a néanmoins assuré qu’elle suivrait avec attention la construction des autres salles de théâtre qui remplaceront celle que constituait le TNN.
75,6 millions d’euros
Pour rappel l’allongement de la Coulée verte est inscrit dans le programme électoral d’Estrosi lors sa campagne de 2020. En juillet de la même année, il met ce projet au menu du conseil municipal, mais rencontre une opposition de la part du Rassemblement national ainsi que de celui des écologistes.
La destruction du bâtiment était à l’origine chiffrée à 1,5 millions d’euros. Un montant quasiment doublé à la suite des expertises. L’enveloppe totale de 75,6 millions d’euros a été obtenue au fur et à mesure des mois et des conseils municipaux. La somme est répartie entre l’État et la Région et le département des Alpes-Maritimes. Initialement, ce sont 37,8 millions pris en charge par les premiers et 7,6 millions pour le second. Le reste est à la charge de la ville de Nice. Un projet qui comprend aussi la mise à terre du Palais des expositions Acropolis.
À la mi-décembre 2021, une pétition à l’initiative de l’ancien élu issu du Parti socialiste, Patrick Allemand, recueille quatre mille signatures. Début décembre, Roseline Bachelot avait validé le projet mené par Christian Estrosi. Le 18 janvier, l’architecte des Bâtiments de France donnait également son approbation pour la destruction du Théâtre national de Nice.
Un transfert chez les Franciscains
Pour remplacer la disparition du bâtiment, une part du TNN sera transférée dans l’ancienne église des Franciscains se trouvant dans le Vieux-Nice. Il devrait pouvoir accueillir 350 spectateurs. Le palais des Arts et de la Culture constituera l’autre partie du théâtre. Les travaux de ce dernier devraient commencer en 2024.
Concernant la saison 2021-2022, cinq établissements à travers Nice assureront les représentations. Parmi eux, une structure temporaire de 800 places. Elle sera achetée par la mairie. La municipalité mettra aussi à disposition des artistes pour leurs répétitions la Diacosmie de l’Opéra de Nice. Une salle de spectacle inclus dans le projet « Iconic » près de la gare, doit également recevoir des spectacles, mais ce de façon éphémère.