L’âge de départ en retraite à 60 ans est adopté sous le régime de François Mitterrand en 1981. Une avancée considérable… Avant cette date, les Français s’arrêtaient de travailler à 65 ans. À l’époque, l’espérance de vie n’était pas aussi élevée qu’aujourd’hui : l’âge de la mortalité était fixé à 45 ans en 1900, selon l’Ined. Dans les années 80, les Français vivaient environ jusqu’à 75 ans. Difficile pour les personnes qui avaient effectué des travaux pénibles, notamment dans l’industrie, de se ménager un temps de repos.
Depuis le début de l’année, le gouvernement remet en question l’acquis social. Les députés ont adopté, en septembre, la réforme des retraites qui recule l’âge de départ légal à 62 ans. Près d’un mois plus tard, les sénateurs ont suivi le même chemin.
Une régression sociale importante
« Au lieu de réduire les inégalités, on est dans une société qui les augmente », explique le sociologue Paul Cuturello. « Avec la réforme des retraites, on pénalise toujours les mêmes : ceux qui ont le moins de revenus et les revenus les plus faibles ». Il semblerait que le gouvernement se tourne vers un système de retraites par capitalisation comme aux États-Unis. Les actifs d’aujourd’hui épargnent en vue de leurs propres retraites. Le système français actuel repose sur un système par répartition. Les cotisations des actifs sont utilisées pour financer les pensions des retraités. À cela s’ajoute l’impossibilité pour les jeunes d’accéder au marché du travail.
Une alternative possible ?
Au lieu d’allonger la durée de cotisations, Paul Cuturello, également Président du groupe socialiste au Conseil général des Alpes-Maritimes, confie que le gouvernement pourrait explorer d’autres pistes. « On peut envisager d’autres modes de financement en faisant contribuer les ressources qui ne contribuent pas : les revenus du capital et certaines autres ressources de revenus en particulier des entreprises ». « Si on fait toujours porter sur la seule masse salariale l’effort du financement des retraites, il est clair qu’on n’y arrivera pas ».
Une nouvelle journée nationale de mobilisation est prévue le 16 octobre. « On sent dans la société une exaspération et une colère très forte », note Paul Cuturello. « Le gouvernement est très mal inspiré de se montrer intraitable face à une mobilisation qui ne fait que grandir. Si il continue à rester droit dans ses bottes, je pense que la situation risque de se durcir et d’aboutir au blocage du pays. À partir du moment où on ne donne plus le choix aux salariés et que la négociation est fermée par le gouvernement, les salariés vont chercher d’autres formes d’action pour se faire entendre malgré tout ».