Comme vous avez pu le constater, le froid s’est durablement installé sur notre région. Les stations de sports d’hiver ont ouvert leurs pistes aux plus chanceux d’entre nous, les magasins font le plein de gens avides de remplir leur panier pour passer les fêtes du mieux possible et les enfants sont trés sages pour ne pas faire fuir le Père Noël. Mais une partie de la population n’a pas cette chance. Les Sans Domiciles Fixes se retrouvent démunis et sans armes pour lutter. Le froid, l’exclusion et la faim voilà leurs principaux adversaires. De nombreuses associations de solidarité apportent leur secours à ces démunis : la Croix-Rouge, les Restos du Cœur, le Secours Populaire, etc. ; et depuis trois semaines, l’association Soulidarietà.
Chaque mercredi soir depuis le début du mois de Décembre, devant l’église Lympia sur le port, une dizaine de militants de cette association qui se veut proche du groupuscule nationaliste Bloc identitaire, distribue aux sans-abris de la soupe. Cette action de solidarité attire les médias et divise les consciences car cette soupe est au porc, et par conséquent elle exclut de fait les personnes qui n’en mangent pas, c’est-à-dire les indigents musulmans ou juifs ( puisqu’il faut une préparation spécifique pour la consommation de la viande ).
La loi pour eux
De nombreuses personnes se sont soulevées devant cet acte pour essayer de faire interdire cette action. Mais comme le dit le Dr Noël Ayrault, adjoint au maire de Nice chargé de la santé et de l’action humanitaire, la mairie est impuissante : « Ils ont des comportements discriminatoires et provocateurs mais on attend qu’il y ait une infraction ». Même son de cloche du côté de la préfecture où l’on dit ne rien pouvoir faire : « Aucune loi n’interdit de distribuer de l’aide alimentaire aux gens dans le besoin. Nous sommes conscients que la soupe exclut des malheureux pour leur religion. Mais tant qu’il n’y a pas d’obligation pour les SDF de la prendre ni de trouble à l’ordre public, nous ne pouvons pas intervenir », indique le cabinet du préfet.
On voit, donc, que les pouvoirs publics sont impuissants face à cette action.
Du côté de l’association niçoise, Dominique Lescure, son président, a indiqué vouloir sortir de cette polémique. Joint par téléphone, il nous a déclaré : « cette soupe n’a pour vocation que de venir en aide aux gens qui sont dans le besoin. Nous ne refusons personne et au contraire nous voulons aider tout ceux ce qui en ont besoin.»
« Nous, tout ce qu’on demande c’est à manger !»
Et c’est ce qu’ont perçu les principaux intéressés c’est à dire les sans abris. Ils perçoivent la situation avant tout, à leur profit. Comme le dit, Georges 53 ans qui vit dans la rue depuis 13 ans : « Ce qui m’importe c’est de pouvoir trouver un repas chaud. Ca m’est égal de savoir ce qu’il y a dedans, tant que ça me nourrit et que ça me réchauffe.»
Pareil pour Hakan, turc de 44 ans, en France et dans la rue depuis 8 ans : « C’est vrai que c’est pas bien de faire cette discrimination mais on a d’autres associations qui nous aident et depuis longtemps. Et eux je tiens à les remercier chaleureusement parce que sans eux je ne sais pas comment je tiendrais le coup. »
Alors acte intentionnel de discrimination ou simple envie d’apporter un peu de réconfort à des gens qui en ont bien besoin ? Sûrement un peu des deux… Mais en ces temps difficiles où tout dégénère, où tout prend des proportions déraisonnables, peut-on se permettre de rejeter complètement cette initiative?
Même si elle est condamnable car discriminatoire, elle a au moins le mérite d’exister. Elle permet à des personnes sans ressources de trouver un peu de réconfort et surtout, une soupe chaude pour les aider à surmonter les durs mois d’hiver.
Alors, au moment où la majorité de la population ne se sent pas concernée par ce problème de l’exclusion et préfère se soucier de la réussite de son réveillon, le groupe nicois SOULIDARIETÀ apporte son aide aux plus démunis et au delà de tout, c’est cela qu’il faut retenir. Et n’est-ce pas le plus important?
Sébastien Griffet