Après l’attentat du 14 juillet, c’est le principe de précaution qui doit prévaloir. Plusieurs manifestations ont d’ors et déjà annulées et d’autres pourraient l’être si les conditions de sécurité ne seront pas jugées suffisantes.
Tel a été le sens de la communication du tandem à la tête de la mairie, l’ancien maire Christian Estrosi et son successeur Philippe Pradal au cours d’un point-presse tenu hier en fin d’après-midi.
Entre une déclaration polémique et l’autre à l’encontre des services de l’Etat (gouvernement et préfecture), les déclarations des deux élus ont pris en compte plusieurs volets de la situation que Nice est obligé de vivre et de … subir
La plus immédiate est l’annulation de plusieurs manifestations (Prom’ party en août et championnat de cyclisme sur route en septembre) alors que d’autres devront s’adapter à des mesures plus contraignantes.
Dans tous les cas, la mairie se rangera derrière l’avis de la préfecture , histoire de bien définir les responsabilités. Comme quoi…
Question sécurité , d’autres dispositions vont dans le sens de la renforcer : mobilier urbain, révision du règlement des livraisons etc. Tout sera passé au peigne fin pour éviter une application laxiste. Dans les paroles et le ton de Christian Estrosi, on sent que les récentes polémiques ont laissé une trace pas facile à effacer.
Un audit a été commandé pour vérifier des failles dans la sécurité des écoles de manière à y remédier le plus rapidement possible. En ce sens , le directeur académique a été interpellé pour avoir sa contribution.
Un deuxième volet concerne l’accompagnement des victimes directes ou indirectes. Après l’action immédiate des équipes au CUM, c’est la Maison de la rue Gubernatis qui sera le pivot de l’opération avec une extension de ses compétences qui deviendront transversales. A savoir, une « victime » sera prise en charge par des équipes multi-disciplinaires à 360°.
Enfin, on en vient à une question complexe: objet de vives polémiques et accusations, le rôle complémentaire qui normalement est prévu pour la police nationale et la police municipale reste au centre du débat.
Christian Estrosi qui ne perd pas une seule occasion pour monter au front pour défendre »sa » police qu’il prétend utilisée mais pas récompensée.
De toute évidence , l’ancien maire qui est adjoint à la sécurité veut profiter de la situation pour battre le fer tant qu’il est chaud. Il le fait essayant de mettre en porte-à-faux le gouvernement pour lequel, en matière de sécurité, il y a « une coproduction entre communes et Etat ».
Pour lui, (il le dit entre les lignes et avec un langage administratif mais c’est la substance de sa pensée) les « pauvres » municipaux , moins payés et moins armés, font le travail qui est de compétence de l’Etat: bref, ce sont des supplétifs plutôt que des complémentaires, « une variable d’ajustement », pour utiliser ses paroles.
La menace est larvée mais claire: si la situation ne changeait pas, les « municipaux » pourraient se voir confinés à leurs strictes compétences , ce qui aurait comme conséquence la détérioration de la situation.
Il s’agit de toute évidence d’une position tactique qui a comme objectif politique d’alimenter l’accusation populiste de la supposée faiblesse de l’Etat envers la sécurité et l’ordre public.
Comme déjà dans le dossier de la privatisation des services aéroportuaires , Christian Estrosi fera valider ses positions par une concertation populaire qui aura lieu à l’automne. Dans le cas précédent ce fut par un référendum, cette fois-ci ce sera sur la base d’un questionnaire.
Décidément le bras de fer entre Christian Estrosi et ses adversaires (Préfet, Ministre de l’Intérieur , Premier Ministre , Président de la République) n’est pas prêt de se terminer.
Vu la situation actuelle , qu’est-ce-que ce sera en automne quand la vie politique entrera dans le dur avec la primaire de la droite républicaine qui s’annonce sinistre ?