Comment faire patienter 6000 personnes venus se masser dans les Jardins de Cimiez pour assister au concert de Lauryn Hill ? La diva souffrait de la gorge et a commencé son concert en retard. Viviane Sicnasi, directrice du festival, a eu toutes les peines du monde à calmer les impatients qui manifestaient de quelques sifflets. Quelques malaises. Des bouteilles d’eau ont été distribuées et le personnel de la sécurité courait après les spectateurs qui se nichaient dans les oliviers. On patiente comme on peut ! Les musiciens entrent sur la scène. Le spectacle peut commencer. DJ, pianistes, guitariste, bassiste, batteurs, choristes… Lauryn Hill, même si sa voix venait à défaillir, peut s’appuyer un véritable orchestre.
Après une longue intro instrumentale où les musiciens ont pu prouver leur valeur, la diva arrive enfin. Un look pas forcément réussi même si c’est une question de goût, tout comme le maquillage, la coiffure ou les gestes. On accepte toutes les extravagances d’une star ! Les fans de Lauryn Hill reprennent les chansons, savourent les instants privilégiés d’avoir leur idole à portée de regard. Les autres, les festivaliers à conquérir, venus simplement par curiosité ne sont pas conquis. La magie n’opère pas. Certains préfèrent même aller voir la Capverdienne Gabriella Mendès aux Arènes. Avec Lauryn Hill, beaucoup de « pré-conquis » sont devenus sceptiques. Nice-Premium ne jugera pas et avec une langue de bois inhabituelle dira que c’était une affaire de goût.
Devant moins de spectateurs, les prédécesseurs de l’ancienne chanteuse des Fugees aux Jardins de Cimiez Naturally 7 et Oxmo Puccino ont su eux captiver un public pas forcément acquis à leur cause. Tout d’abord, les 7 garçons de Naturally 7. Lorsqu’on les voit, sans les écouter, on craint le pire et revenir aux années Boys Band. Leur look est travaillé. Ils sont beaux, jeunes, musclés. Ils enchaînent les chorégraphies… Mais quand on les écoute on s’étonne. Ils représentent un nouveau style. Celui qu’on appelle le Human Beat Box. Ils reproduisent grâce à leur voix la plupart des instruments (platine, batterie, guitare…) sur des airs soul, R’N’B et Hip Hop. Ils pimentent leur show de quelques notes d’humour en Français. Les sceptiques sont conquis. Certains se surprennent à danser. Leur performance vocale se rapproche plus des troupes de Gospel plutôt que des insipides Boys Band. Oxmo Puccino a conquis aussi la foule. Ce parisien originaire du Mali joue avec les mots pour adoucir ses revendications, les histoires qu’il raconte et les messages véhiculés. Il se donne sur scène et les spectateurs se prennent au jeu. Un mélange de Hip Hop et de jazz du plus bel effet. Là aussi les sceptiques sont conquis. En même temps aux Arènes, Manu Di Bango et son saxophone n’avaient aucun sceptique. Il s’est amusé avec son Band. Du haut de ses 74 ans, rien ne semble lui faire plus plaisir que d’être sur scène devant le public aux côtés de ses amis musiciens.
Le Nice Jazz Festival 2007 est clos. Les stars n’ont pas toujours été celles qu’on croyait. Est-ce une leçon à retenir ? Sans doute. Le but d’un festival est de faire découvrir aux spectateurs des artistes pas forcément connus du grand public. Lauryn Hill a donc permis de découvrir Gabriella Mendès, Eric Legnini, Oxmo Puccino and the Jazz Bastards, Naturally 7, Jean-Pierre Bruno et Nadiamori. Alors merci Lauryn Hill !