« Madame, Mademoiselle, Monsieur…bonsoir… ». Pour la dernière fois, jeudi 10 juillet, Patrick Poivre d’Arvor, prononcera cette phrase, si célèbre, ouvrant tous ses journaux depuis près de 21 ans. PPDA vit ses dernières heures à la tête du plus grand journal télévisé français. Il aura, au fur et à mesure des années, su bercer de sa voix si particulière plusieurs générations de téléspectateurs mais aussi toute une génération de journalistes. Son expérience, son charisme et son talent ont fait de lui une véritable icône populaire ainsi que dans sa profession.
Joint par téléphone, Nathalie Layani, journaliste et présentatrice du JT de France 3 Méditerranée, faisant partie de la nouvelle génération, nous parle du « pape » de la télévision de ces trente dernières années : « ça devait bien arriver un jour, pour que le téléspectateur ne se lasse pas, il faut savoir renouveler l’image qu’on lui renvoie. C’est un métier qui use et qui peut user les téléspectateurs. De plus, à presque 60 ans, Poivre aurait du, de lui-même, savoir s’arrêter. Ceci-dit, PPDA reste et restera la référence dans son domaine et ça pour des années… ».
La réflexion est la même pour Maurice Huleu, ancien journaliste et rédacteur en chef de Nice-Matin, sans lui faire offense, appartenant à l’ancienne génération de journalistes : « Le journalisme est un métier particulier où il faut savoir changer d’air. PPDA est resté très longtemps sur TF1 où il semblait être rentré dans une certaine routine. Patrick Poivre d’Arvor est un homme charmant, un très grand professionnel mais sur tout toujours aimable avec ces confrères. Sur le principe de son éviction je trouve ça cohérent, il faut laisser sa place aux plus jeunes, mais la manière dont il a été évincé est scandaleuse… ».
Patrick Poivre d’Arvor quitte donc l’antenne et TF1 ce soir, déjà très sollicité par d’autres chaines de télévision, il n’a toujours pas annoncé quel serait son futur.
Le 14 juin 2006, deux ans avant son éviction, Patrick Poivre d’Arvor avait évoqué son métier et ses défauts. Voici ce qu’il nous disait :
N-P : Présentateur du JT sur Tf1 depuis de nombreuses années, qu’est-ce que cela vous a enseigné ?
P.P.D.A. : Une espèce de tolérance avec un regard sur un monde plus ouvert. Voir, découvrir, comprendre … Je trouve que c’est formidable, ça éveille tout le temps la curiosité.
N-P : Qu’est-ce qui vous déplaît dans la profession de journaliste ?
P.P.D.A. : Parfois, les comportements « meute ». Il faut aimer untel ou untel. Il faut détester untel ou untel. Sinon, le métier est magnifique. Il est vrai que parfois le comportement des uns et des autres n’est pas toujours élégant, mais pour le reste c’est un très très beau métier.