On revient sur cet épisode tout simplement parce que quelques-uns de nos lecteurs nous ont fait le reproche de l’avoir ignoré dans nos articles de commentaire de la « Der du Ray ». Une indulgence voulue, nous ont fait comprendre certains, une entorse à notre ligne de conduite ? Et comme les lecteurs sont la raison d’être d’un journal, même atypique comme le notre, …explication !
Oui, c’est vrai Christian Estrosi, maillot de l’OGC Nice sur les épaules, était en tête du cortège qui a célébré dimanche le dernier match de l’OGC Nice au stade du Ray. Oui aussi, le député-maire s’est distingué en brandissant un fumigène, objet pourtant interdit* aux abords des stades…
Et oui encore, il ne se prive pas de jouer le paladin de l’ordre contre les Roms et autres gens de voyage, les mineurs qui sortent sans parents après 23 heures, ceux qui veulent acheter des boissons alcoolisés pendant les heures nocturnes, les mariés et leurs invités qui manifestent bruyamment après la cérémonie, etc. Bref, il est toujours en première file contre tous ceux qui ne respectent les règles et contre toute forme de comportement fallacieux.
Un Maire-shérif en quelque sorte, qui avance dans son action avec la police municipale plus importante en nombre d’agents de France et avec un système de vidéo-surveillance parmi les plus modernes et performants . Et pour dire de sa passion pour cette matière, n’hésitant pas à reprendre la délégation à la sécurité retirée à Benoît Kandel dans le cadre de l’affaire Semiacs.
Une première réponse de droit : Christian Estrosi, quand il brandissait le fameux fumigène, était-il effectivement « aux abords » du stade comme le réprime la loi ?
N’ayant pas été contrôlé ni verbalisé la question reste sans réponse et « in dubio pro reo » comme le veut la tradition juridique.
Et puis, soyons réalistes : Oui, on est tous égaux mais, comme l’explique si bien l’écrivain anglais George Orwell dans son livre « La ferme des animaux », il y a toujours quelqu’un qui est plus égal que les autres…
Donc, en assumant une présomption d’innocence pour ce geste, on pourrait opposer une question d’exemplarité : Un maire, ayant été plusieurs fois ministre, ne doit pas l’être en tout moment et en toute circonstance ?
Là aussi, une ligne de défense s’impose et explique : Dimanche était le grand jour pour le dernier match de l’OGC Nice au stade du Ray, dans les rues de la ville azuréenne, l’ambiance était au top, festive, chaleureuse, sympathique. Un écart de comportement pouvait se justifier, surtout que le fumigène était brandit fièrement mais sans aucune intention dangereuse. De Maire à monsieur- comme tout-le-monde…
Et puis, c’est la vérité, notre indulgence venait aussi du plaisir de voir Monsieur le Maire finalement relâché, souriant et non pas formel, habillé sportivement comme tout le monde quand on va au stade et non comme un as de pique comme il l’est toujours, avec ses costumes ministériels et cravate d’ordonnance.
Bref, c’est peut-être pour ça que quand on l’a vu avec le fumigène, on a pensé à « uno di noi » et non pas à un dangereux « ultra ».
La Sainte Eglise dans la sagesse de qui connait ses ouailles depuis 2 000 ans nous tend la perche : » semel in anno licet insanire » disait Saint-Augustin. Si …une fois par an on peut faire le fou… eh bien ce fumigène peut être justifié.
Et ce « péché » de Christian Estrosi déclassé à véniel.
Lui faire réciter dix fois la prière « pateravegloria » nous semble suffisant pour l’absolution !