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22 novembre 2024

Le « latinorum » de Christian Estrosi

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Nul doute sur l’extraordinaire dynamisme de Christian Estrosi. Mais, on connait aussi sa fâcheuse habitude d’exploitation de situations à la seule fin d’alimenter une spéculation politique même quand il n’y en a pas lieu.


Dans ce registre s’inscrit, et doit être vu, le défi qu’il a lancé à la Ministre de l’Éducation Nationale, Najat Vallaud-Belkacem. Opposé à la reforme des collèges, Christian Estrosi organisera un concours de version latine* et lui propose à de venir participer.

On se demande bien pourquoi la Ministre devrait venir et pourquoi à Nice !

A vrai dire, on a du mal à voir la relation entre une reforme scolaire, à laquelle le député Christian Estrosi a tout le droit de s’opposer et l’initiative du maire de Nice qui n’a aucune compétence en matière d’éducation .

On le savait plutôt ardent défenseur de l’enseignement du nissart, mais on apprend avec plaisir la passion du Christian Estrosi pour le grec et le latin qui représentent les langues qui ont caractérisé « notre histoire et nos racines » comme il l’affirme.

Affirmation qui n’a rien à voir avec la suivante : « L’éducation est au cœur de la République. La réforme des programmes de Najat Vallaud Belkacem viendrait détruire le socle de connaissance des principales disciplines ? ».

En fait, la controverse est plutôt politique comme le texte ci-dessous l’explique bien et ressemble étrangement à la bataille contre la nouvelle organisation des rythmes scolaires qui avait déjà vu Christian Estrosi en première ligne.

L’évidence est là : utiliser la critique populiste comme arme pour déligitimer les institutions. Une preuve de loyauté à géométrie variable vis-à-vis de l’État et de ses principes.

Pour un ancien Ministre…

En fait, le concours (bravo pour l’originalité !) ne cache pas son exploitation politique et mérite d’être classé parmi les initiatives téméraires que Christian Estrosi affectionne et qui font de lui un personnage médiatique (en plus d’un maire populaire).

Mais, dans ce cas, on pourrait faire référence à Pline l’Ancien (Caius Plinius Ceacilius). D’après l’écrivain romain, Apelle, fameux peintre de son époque qui fit l’admiration d’Alexandre le Grand , aurait dit : Sutor, ne supra crepidam («Cordonnier, pas plus haut que la chaussure.») à un cordonnier qui, après avoir critiqué dans un de ses tableaux, voulu juger du reste.

Un proverbe à l’adresse de ceux qui veulent parler en connaisseurs de choses qui ne relèvent pas de leur compétence.

Pour mémoire :

« Les langues anciennes sont désormais l’un des choix offerts dans les enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI), obligatoires pour tous les élèves, alors qu’aujourd’hui l’option latin ne concerne que 19 % des élèves, argue le ministère de l’Education nationale. Et un enseignement dédié à la langue latine et à la langue grecque continue à être proposé en complément aux élèves qui le souhaitent. »

La réforme offre trois heures par semaine et par classe à distribuer, soit 48 heures pour un collège moyen de 16 classes. Ces heures permettront de faire les 5 heures d’enseignement de complément en latin et aussi le travail en petits groupes.

Aujourd’hui, 2,8 millions d’élèves suivent l’option latin au collège, soit 19 % des élèves de classe de 5è. Parmi eux, selon le ministère, 31 % sont issus de catégories socio-professionnelles très favorisées, et 12 % de catégories défavorisées. Les élèves qui prennent l’option latin en font 2 heures en 5è, 3 heures en 4è et 3 heures en 3è. Le grec, enseigné seulement en 3è (3 heures), concerne 2 % des élèves. A partir de 2016, ceux qui le souhaitent pourront suivre l’EPI langues de l’Antiquité avec au moins une heure par semaine. Cet EPI pourra être suivi sans interruption de la 5è à la 3è. Auquel les élèves pourront ajouter un enseignement de complément d’une heure en 5è, de 2 heures en 4è et de 2 heures en 3è.

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