A la veille des 24 heures du Téléthon, quoi de mieux d’une séance de conseil municipal pour une mise en jambe ? Des heures de discussions , pas toujours productives mais comment bloquer l’appétence pour la loquénce (faute souvent d’éloquence ) ?
En tout cas, les citoyens peuvent se rassurer: les élus sont en bonne forme psycho-physique et tiennent bien la distance.
La journée a commencé avec une version local de la « commedia dell’arte » : avant que le maire de Nice demande au conseil de voter sa décision de lui retirer la dernière délégation , Auguste Verola, le conseiller « infidèle » pour la majorité municipale* , la « victime d’une basse vengeance » pour Benoît Kandel ( conseiller d’opposition) pour son positionnement à côté d’Eric Ciotti dans la « bonne » guerre que celui-ci et Christian Estrosi se livrent pour la suprématie locale , a pris les devants et a démissionné de son poste dans l’exécutif : » je reste en tant que conseiller « – a-t-il affirmé avant d’abandonner l’hémicycle.
Bref, la page est tournée.
Le plat fort du menu de la séance était le débat sur les orientations budgétaires, terrain classique de discussion entre majorité et oppositions …diverses et variées.
Constructif ( « pour la première fois depuis 2012 la dotation globale de fonctionnement ne devrait plus baisser ») et audacieux ( » je ne suis parmi les maires , même de droite, qui sont opposés à la progressive suppression d’ici 2020 de la taxe d’habitation mais favorables à un contrat d’objectif qui privilège le financement des dépenses d’investissement plutôt que celle de fonctionnement avec un système de bonus-malus qui prime les bonnes performances et pénalise les mauvaises), le maire de Nice et son « argentier » Philippe Pradal, premier adjoint, ont présenté les grands lignes du budget qui sera voté au mois de mars:
en premier lieu , les dépenses de fonctionnement seront fortement encadrés avec la poursuite d’économies importantes ( « nous irons plus loin que ce que nous impose la loi de programmation qui nous demande de limiter son évolution à +1,2 » dit Christian Estrosi – qui prévoit une baisse nette des charges de gestion en 2018 de plus de 10 mio d’euros).
Deuxième point: la maintien de la fiscalité aux taux inchangés : taxe foncière à 23,12% comme en 2009; taxe d’habitation à 21,10% contre 21,33% en 2009 ( là, le premier édile « oublie » l’augmentation de 10% lors de la première année de sa mandature ..et la successive diminution en 2014 de 5% du pourcentage des taux d’ abattement qui mathématiquement se répercute tous les ans).
Troisième point : les investissements qui prévoient un montant de 85 mio d’euros par an sur la période 2018-2020 : « l’investissement est ma priorité pour que la ville continue à s’épanouir et pour une qualité de vie renouvelée »- semble un beau slogan de campagne électorale ( et 2020 sera une année électorale).
Nouveauté: un crédit d’impôt sera alloué aux investisseurs innovants. On attend le dispositif et les détails.
Sur le plan financier, la situation reste tendue : d’après le DOB, la situation fin 2017, ce sera :
·Une dette de 509 millions,
·Une capacité de financement de 23 millions,
·Une capacité de désendettement de 13 ans.
Heureusement les marchés abondent de capitaux et n’ont pas de problèmes à financer les bons clients et la Ville de Nice en est certainement un. Les taux sur les emprunts sont encore convenables ( moins de 1%) et les prévisions sont qu’il le resteront encore, au moins à moyen terme.
En plus des grands chantiers déjà connus ( cuisine centrale, projet du Ray, place saint-François , hôtel de police dans l’hôpital saint-Roch), Christian Estrosi a fixé des nouveaux caps : la proximité ( budget décentralisé au niveau des territoires avec une première expérience de démocratie participative) , la sécurité ( 130 policiers en plus principalement pour la vigilance directe à l’intérieur des établissement scolaire via une expérimentation pilote en accord avec le Ministère de l’Education nationale) , la mobilité ( mise en exercice de la ligne 2 et réalisation de la ligne 3 pour le financement de laquelle une enveloppe supplémentaire de 10 mio d’euros et allouée).
Les oppositions ont diversement apprécié le document : Dominique Boy-Mottard (dvg) se met dans l’attente de voir les chiffres conforter la politique de décentralisation, Benoît Kandel (dvd) critique en expert ( et ancien responsable écarté) certain points de la politique de sécurité , Fabrice Decoupigny a invité le maire à une véritable politique écologiste ( vitesse en ville à 30 km/h, plus 6/8000 m2 de jardins) , Patrick Allemand ( gauche socialiste) reste sur le plan politique et dénonce:
« Je m’attendais à lire un document ambitieux, avec des perspectives claires pour la deuxième moitié du mandat. Permettez-moi de vous dire ma déception. C’est le document d’orientations le plus plat depuis 2008. Il n’y aucune perspective, aucune densité, aucune profondeur ».
Deux rapports annuels ont été présentés: celui sur le développement durable a permis à Benoît Kandel de revenir sur la problématique du charançon rouge , fléau du palmier en obtenant l’assurance que des produits phytosanitaires ‘toxiques’ ne sont pas utilisés pour l’éradiquer. Au contraire, se sont des produits naturels et même bio , lui a-t-on assuré.
En fait, le dossier n’est autre que la déclinaison métropolitaine de l’agenda 21 qui couvre les domaines de la lutte contre le changement climatique, la biodiversité, cohésion sociale et territoriale, qualité de la vie, production et consommation responsable, éco-responsabilité.
Pas d’autres arguments que le charançon rouge ?
Celui sur la condition de parité homme-femmes a animé le débat d’un pur style « bar-sport »: dans la capharnaüm général de déclarations et contre déclarations , on pourrait arriver à cette synthèse: le problème est bien présent, « on essaye d’avancer » ( dixit Mathy Diouf, adjointe déléguée) , le chantier est complexe, le retard à récupérer demande du temps et un changement de mentalités. Entre-temps, chacune continuera à s’appeler comme elle veut: madame la conseillère, madame le député . Avec un peu de bonne volonté, on devrait y arriver.
Autres points:
(i) Palais Nikaia, Studios de la Victorine, Acropolis et Palais des Expositions, une fois rentrés dans le statut de régie une fois terminés les transactions contractuelles et juridiques feront l’objet d’une réflexion approfondie pour établir leur meilleure gestion: si la situation actuelle de la concession à un délégataire n’est pas satisfaisante , elle ne le deviendra pas automatiquement par le seul changement de casquette pour passer du gris au beau fixe.
(ii) Après la place Garibaldi, et dans une moindre mesure la place saint-François , ce sera au tour de la place Masséna de faire un toilettage sévère. Grâce à des subventions qui arrivent à 40% des dépenses, les privés pourront restaurer les façades suivant un cahier des charges élaboré avec le concours de l’Architecte des Bâtiments de France. D’autres interventions publiques seront effectuées pour l’éclairage et les revêtements des sols.
(iii) Pour faire face aux difficultés des associations de financer les frais de sûreté pour les manifestations publiques qu’elles organisent, un fond de 300000 euros a été voté.
(iv) le montant du fond des indemnités des élus a été voté: on connait l’enveloppe globale, 1 millions et quelque, mais « top secret » pour la ventilation individuelle. Dominique Boy-Mottard qui a fait preuve de curiosité , s’est fait retoquer par M. l’argentier. Pourquoi ce secret ? Il n’y a pas des barèmes prévus par la loi ? On est bien en 2017…8 ?