C’est son dernier « one-man show », créé pour le Festival d’Avignon 2006 et comme les précédents il déplace les foules et remplit les salles. Pourtant aucun plateau télé ni émission de radio, l’individu est interdit d’antenne, jugé trop subversif. Pire, certains ont même tout fait pour le faire taire, allant jusqu’à missionner la force publique dans une salle et devant un public médusé. Il a même une « épée de Damoclès » par une condamnation avec sursis jusqu’en décembre 2009 pour avoir dénoncé la main mise d’une secte sur deux chaînes de magasins. Comme il le clame lui-même, le seul moyen de le voir, c’est sur une scène car là il n’y a pas de censure. Il se révolte contre celle que s’inflige la nouvelle génération d’humoristes plus qualifiés par ses soins de comiques mais dont il respecte le travail. Une génération trop policée qui ne cherche que ses passages médiatiques au détriment du contenu même si certaines vedettes plus âgées – normalement ne risquant plus grand-chose- sont également épinglées.
Pour ce comédien-scénariste et metteur en scène politiquement incorrect et fier de l’être, l’humoriste a perdu son rôle de bouffon et ils sont peu nombreux ceux qui osent encore se positionner comme tel. Manuel Pratt revendique une totale liberté d’expression et sur tous les sujets. « Il est très important de ne pas faire de mal aux victimes mais de dénoncer les coupables » mentionne-t-il en avouant que sa démarche peut heurter certaines sensibilités différentes ou opposées. Dans ce spectacle ; il commence par coller à l’actualité – c’est la partie le plus « soft » mais déjà très incisive, très vite il se lance dans son message social et cette fois c’est la lutte contre les tabous de toutes sortes. Un ton acide, une forte dose d’humour noir – il est très souvent « hors limite » et ça fait toujours mouche.
Attention ne prenez surtout pas cela au premier degré car c’est de l’acide pur ». « Testament » c’est pour symboliser une certaine peur de mourir qui se matérialise pour un humoriste par celle de ne pas avoir suffisamment de public, voire pas du tout. Il a rajouté « provisoire » pour atténuer cet effet négatif et claironner qu’il n’entend pas se contenter de constater un déficit de notoriété de certains spectacles de valeur. Pour lui, ce n’est pas du tout le cas, ce sera complet à chaque représentation à Antibes à tel point que le Théâtre de la Marguerite- qui gère cette salle de la Scène sur Mer- a du rajouter deux séances à 18h30- pour le vendredi et samedi- qui sont déjà au bord de l’asphyxie. Le prochain « one-man show » est déjà écrit mais il sera présenté en premier lors du Festival d’Avignon 2009, ville de résidence de cet humoriste pas comme les autres et qui dispose d’un public fidèle marchant au « bouche à oreille ».
« Testament provisoire » de Manuel Pratt jusqu’au 13 décembre
Théâtre de la Scène-sur-Mer / Place Nationale / 06600 Antibes
(1er étage du restaurant La Cascade, au fond de la salle à droite)
Réservation fortement conseillée au 04 93 34 11 21 ou sur www.theatredelamarguerite.com
