30 ans, c’est finalement peu. 30 ans seulement que les homosexuels du monde entier forment une communauté, réellement acceptée et intégrée. Le rainbow flag n’est pas la seule cause du changement des mentalités, mais cet emblème a marqué les esprits. Gilbert Baker, l’homme qui a entrepris en 1978 d’en faire une icône gay, confie: « J’aime aller dans les villes du monde entier et y voir le drapeau arc-en-ciel, je sais ainsi que c’est un endroit sûr où je peux être moi-même ». Six couleurs, six symboles universels et forts: rouge pour la vie, orange pour la santé et la joie, jaune pour le soleil, vert pour la nature, indigo pour l’harmonie, violet pour l’esprit. Deux absents dans cette liste. L’art et le sexe, respectivement turquoise et rose, pourtant des piliers de la communauté. Ces couleurs sont supprimées lors de la commercialisation, car elles ne sont pas très répandues sur le marché du textile de l’époque, et donc peu rentables. Peu importe, l’idée est porteuse et rassemble les gays dans leur quête de reconnaissance.
Une logique de lutte
Mais ce drapeau est-il encore d’actualité? « Je préférerais un drapeau rose et turquoise, mais le concept en lui même n’est pas obsolète. Il reste encore de nombreux combats à mener ». Alain Barelli est le patron du bar gay Le 6, à Nice, et il se plaint du relâchement autour du sida. « On ne me donne pas assez de préservatifs gratuits à distribuer dans mon bar, alors que beaucoup de mes clients vont en boîte après ». Tout comme ses homologues, les rainbow flag « PACE » et celui contre le sida, cette bannière entre dans une logique de lutte. Contre la violence, la maladie, l’homophobie. Et les combats sont loin d’être achevés. Voilà pourquoi, 30 ans après, et même si son esthétique est parfois critiquée, l’arc-en-ciel gay brille toujours dans le coeur de ceux qui revendiquent le droit à l’amour libre.