Du discours à l’assemblée nationale du Premier Ministre Edouard Philippe sur les mesures du déconfinement on devrait retenir essentiellement une simple vérité: le virus est toujours vivant, il est parmi nous et il nous oblige à vivre avec.
Puisque c’est une nouvelle maladie , inconnue jusqu’à maintenant , on avance à tâtons , un pas un avant, un en arrière et , encore plus souvent, un pas à côté.
La prudence des propos du Premier Ministre a été critiquée, ces prévisions incertaines ( mais les prévisions exactes sont-elle des prévisions ?) mises en exergues. En fait, on veut savoir aujourd’hui , ce qui se passera demain.
On lui demande des réponses précises à tous nos doutes : blanc c’est blanc, noir c’est noir mais le gris n’a pas plusieurs nuances ?
Dans le débat qui a suivi, les oppositions ont joué leur rôle : elles ont critiqué , elles se sont opposées . D’ailleurs, une opposition qui ne s’oppose pas, quelle opposition est-elle ? On peut juste remarquer que, vu le contexte, on a préféré subtilement parler de » liberté de parole et d’expression ».
Certains l’ont fait avec mesure, d’autre avec véhémence. Chacun a son style , parfois, , on devrait plutôt, son manque de style.
Toutefois , deux intervenants n’ont pas manqué de perdre l’occasion de se mettre en valeur dans leur caricature habituelle, des membres d’honneurs du « syndicat des mécontents perpétuels » : ils sont les apôtres du coup de balai , les défenseurs de l’identité nationale , l’un au nom de l’anti-capitalisme , l’autre à la recherche d’ordre et autorité.
Au regard de leur posture , de leur geste, ce sont deux personnages qu’on retrouve dans Molière.
L’un ( Don Juan) , rhéteur à tout heure et toute occasion, » il est tellement convaincu de la seule existence du verbe qu’il ne se sent nullement engagé par ce qu’il dit, il vit entièrement dans l’instant ».
L’autre ( Mascarille, le fourbum imperator de « L’Etourdi ou Les contretemps »), « il se grise de ses discours , joue les fier-à-bras, s’agite, pérore. Il est mû par une volonté de puissance, une exaltation du moi qui finit par étourdir tout le monde ».
En fait les deux ont des sensibilités politiques opposées , mais comme le veut la doctrine d’Héraclite , chacun des deux ne peut être défini que par opposition, et » rien n’existerait si en même temps son contraire n’existait pas ».
Certes, la représentation nationales mériterait des personnages d’un autre calibre mais- en ces temps difficiles – il faut se contenter de ce que passe le couvent…