Christian Estrosi est un de ces politiciens qui aiment les lumières de la scène. A l’occasion des tristes événements liés au terrorisme et au débat qui s’en est suivi, il a lancé le chapeau très haut en proclamant l’existence d’une » guerre de civilisation » et dénonçant l’existence d’une « cinquième colonne » active en France… sous-entendant le manque de fermeté de la politique de vigilance intérieure.
Les réactions du monde politique furent à la hauteur de ce coup d’éclat et il faut dire que même les collègues de droite du député-maire de Nice furent bien timides dans leur soutien: le problème existe et nul ne nie sa complexité et gravité mais…de là a parler d’une « guerre de civilisation »…la ficelle était un peu grosse et l’objectif grossier d’une exploitation politicienne bien évident.
Mais Christian Estrosi n’est homme de faire demi-tour et en politicien avisé ne perd pas une occasion de reprendre à sa faveur tout événement ou circonstance qui s’y prête.
L’interview télévisée du Président de la République en a été une… et les invités de la garden-party municipale après la manifestation officielle et le défilé militaire en ont été les destinataires dans son allocution .
Ainsi qu’on peut le lire sur son compte twitter
@estrosi: Terrorisme: @fhollande confirme que les ennemis ne sont pas à l’extérieur. Les ennemis de l’intérieur. Ne l’ai je pas déjà dit? avant de retwitter aussi: On dirait qu’il légitimise l’expression « cinquième colonne » chère à Estrosi.
Quelle habilité me direz-vous, de se faire couvrir par les propos du Président de la République, qu’il critique pourtant à longueur d’interview.
Seulement, François Hollande n’a jamais dit ce que Christian Estrosi lui a attribué, bien au contraire !
Lisez bien ce que le président de la République à dit: « Nous sommes face à des groupes qui veulent mettre en cause toutes les civilisations » et « nier l’idée même de civilisation ». et puis , réitérant son éternel souci , exhorte à ne pas « avoir peur », s’adresse à « tous ceux qui veulent se crisper, se replier ».
On ne pourrait pas être plus clairs.
Alors, les propos de Christian Estrosi restent ce qu’ils étaient dés le début: des éléments de langage réduits à la seule efficacité communicante, exprimés de façon tonitruante.
On sait qu’en politique tout est bon pour rechercher le consensus et implémenter sa popularité.
Mais on est sûr que si tous les moyens sont licites, tous les chemins ne mènent pas toujours à Rome ?