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20 septembre 2024

Les écologistes niçois et la tenniswoman Alizé Cornet: je t’aime, moi non plus

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En ces temps moroses, où tout le monde se demande quand on reviendra à une vie normale, les spécialistes nous expliquent qu’il faut trouver les moyens pour se déstresser, faute de quoi …


La petite joute oratoire qui a suivi la délibération concernant l’attribution de subventions aux sportifs niçois de haut niveau international et/ou national, aux possibles/probables candidats à la sélection pour les JO de Tokyo 2020 et Pékin 2022 et à quelques promesses d’avenir, a déclenché un petit cirque avec échanges publics qui ont pris le plis d’une séance de clown thérapie.

Finalement, le grotesque a pris le pas sur le sérieux, et il nous a permis de profiter d’une séquence que, par son déroulement à la « je t’aime, moi non plus » , a été source de divertissement.

Dans ce temps de bombardement de chiffres, un plus anxiogène que l’autre, avoir écouté tant de banalités illogiques et lu de raisonnements à l’inverse, nous a rendu une certaine légèreté d’esprit et conforté dans le fait que toute situation, si elle peut être grave, elle n’est pas nécessairement sérieuse. Et tant mieux.

Acte I

Lors du CM de jeudi dernier, la délibération qui attribuait les subventions aux athlètes niçois recevait une demande d’amendement de la part du groupe  » écologiste » qui voulait exclure les récipiendaires avec plus de 100 mille euros de revenu annuel. La motivation était de ne pas favoriser celles et ceux qui, en tant que professionnels, jouissaient déjà d’une situation de privilège dans ce contexte économique et social difficile.

Bien évidemment, l’amendement était repoussé et les proposants sermonnés par le Maire de Nice, défenseur du rôle exemplaire de ces sportifs, ambassadeurs de Nice dans l’arène internationale par leurs exploits.

Un premier commentaire en toute neutralité vient à l’esprit : s’il est plutôt ardu de retrouver un lien logique entre une subvention et le contexte économique actuel comme le motivaient les proposants [ n’aurait-il été pas mieux de s’en tenir à l’aspect sportif et demander simplement si le statut de professionnel n’est pas obstacle à une subvention ?], on arrive mal à saisir celui entre les exploits individuels des athlètes concernés et la renommée de Nice, ville touristique de renommée mondiale depuis plus d’un siècle.

Doit-on croire qu’un touriste vient à Nice par le fait que la ville a vu la naissance ou est lieu d’habitation d’un champion sportif ? Si c’est le cas, (mais comment le croire ?) ne serait-il pas mieux de rémunérer celui-ci par un contrat commercial comme font les marques qui profitent de la notoriété de personnes médiatiques pour la promotion de leurs produits ?

Acte II

Par voie de presse, la tenniswoman Alizé Cornet, une des bénéficiaires de la munificence municipale, se sentant visée par la critique des « écologistes », répondait aux critiques (qui en fait ne lui avaient pas été adressées nominalement), par une longue dissertation.

Que disait Alizé Cornet en synthèse ? Que la pandémie entravait l’activité et par conséquent ses gains. Qu’elle payait ses impôts en France et, qu’en tant qu’indépendante par son statut professionnel, elle avait des frais de fonctionnement à supporter.

Et in fine, à la recherche d’une captatio benevolentiae de ses critiques, qu’elle était sensible à l’environnement puisque récemment elle avait participé à la plantation de quelques arbres sur l’île de Saint-Honorat.

Un autre commentaire en toute neutralité vient à l’esprit : payer ses impôts en France, quand on y réside, fait partie des devoirs de tout citoyen, même une obligation suivant la loi. Par ailleurs, c’est ce qui fait les millions de personnes et foyers qui ont des revenus. L’expert-comptable qui assiste madame Cornet ne manquera certainement de déduire de son revenu brut les dépenses occasionnées à titre de frais de production de manière à que soit taxé le revenu imposable. Il est donc difficile de trouver dans un comportement normal, la raison d’en faire un élément à mettre en avant comme exceptionnel ni de le présenter comme motif méritoire.

De plus, à la lecture de la publication de la situation ( au 22 mars) du Money Prize Career de WTA ( Women Tennis Association), attribue à Alizé Cornet le revenu de 7.8 millions de dollars. Tout en félicitant l’azuréenne pour sa réussite, on pourrait peut-être déduire que la subvention de la municipalité niçoise s’ajoute à une situation financièrement confortable, et ce sans prendre en considération d’autres sources éventuelles de gain, tel marketing, sponsoring, d’usage dans le tennis professionnel international.
Quant à la main verte de Alizé Cornet, elle n’a pas dû échapper aux « écologistes » niçois qui apprécieront certainement à son juste mérite.

Acte III

Suite à la lecture de la réaction de Alizé Cornet, les « écologistes » ont voulu repréciser leur position sur twitter, en élargissant le débat avec des comparaisons hasardeuses. Les 25 mille euros de subvention perçue par la tenniswoman étaient comparés au salaire d’un employé. L’arrêt des tournois de tennis à des possibles plans sociaux intéressant des milliers de travailleurs/es.
On comprend bien la fibre sociale des élus écologistes mais franchement quel rapport entre l’activité d’Alizé Cornet et la situation professionnelle d’une quelconque personne ? Son métier est de jouer au tennis et elle le fait depuis plusieurs années avec succès et profit. Quoi de mal ? Quelle responsabilité lui incombe par rapport aux autres ?

Au final, si on peut trouver opinable l’attribution d’une subvention publique à une professionnelle qui n’a certainement pas besoin d’être encouragée dans un parcours sportif peu rémunérateur ( c’est la condition de beaucoup d’athlètes qui pratiquent des disciplines dont le modèle économique est déficitaire) , comment prendre au sérieux les motivations loufoques des « écologistes » ?

Eux ne mangent pas un plat de pâtes à midi ou un bouillon le soir du fait qu’il y a 736 millions de personnes qui vivent en-dessous du seuil international de pauvreté fixé à 1,90 dollar par jour ( ONU) ?

Critiquer c’est bien, fustiger aussi quand il le faut. Mais il faut choisir les bons arguments ( et dans le cas de la subvention municipale aux sportifs professionnels il y en avait bien ) et non pas seulement jeter le chapeau en l’air.

Pour en terminer sur une note plaisante : a round of applause, diraient les snobs dans la club-house d’un tennis-club, pour Fabio Quartararo, l’autre bénéficiaire visé par les critiques des « écologistes » : il a touché le chèque, n’a pas proféré parole et fait preuve de sagesse malgré son jeune âge. Comme disait le philosophe Ludwig Wittgenstein,  » quand on a rien à dire, il faut se taire ».

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