Avant de parler de 2018, comment ne pas évoquer au préalable cette extraordinaire année 2017. Extraordinaire au sens littéral du terme. Une année où la République est passée près du gouffre.
Heureusement, à l’arrivée, les électeurs ont balayé ces sombres nuées du ciel de la République. Et nous avons hérité d’un Président atypique issu de l’équipe sortante mais bien positionné au centre de l’échiquier politique.
Depuis, nous pouvons reconnaître qu’il incarne bien la fonction, qu’il décide (l’indécision fut la plaie du précédent quinquennat) et que, grosso modo le facteur chance qui lui a été favorable tout au long de la campagne ne l’a pas abandonné pour ses premiers mois de présidence. Mais, comme disait Jules Renard : « Il y a des moments où tout réussit. Il ne faut pas s’effrayer. Ça passe ».
Et en tant que responsables politiques, il est de notre devoir à moyen et long terme de s’interroger sur cet avenir forcément incertain. D’autant plus incertain que la situation politique est inédite. En effet, pour la première fois sous la Ve République, le parti du Président a décidé de ne pas être un véritable parti.
Or, si nous avons vu d’un bon œil l’aventure Macron (n’était-elle pas, au niveau national, une démarche similaire à celle que nous avions – toutes proportions gardées bien sûr – initiée à Nice avec Gauche Autrement ?), le vide politique sidéral sur lequel elle a débouché ne peut qu’inquiéter les démocrates. Si la nature a horreur du vide, la politique aussi.
C’est précisément dans ce contexte où les réseaux sociaux ont remplacé la démocratie représentative, que se justifie la réunification des Radicaux. En effet, quand les radicaux de gauche s’unissent avec les radicaux qui ne se sentaient plus à l’aise à droite, cela a du sens.
C’est que pour nous, la République a besoin des partis politiques capables de structurer un projet, d’organiser le militantisme et de former les futurs élus. Et bien sûr d’animer dignement le débat politique. Que ce soit le Mouvement radical, le plus vieux parti de France, qui donne l’exemple est symbolique.
Le radicalisme, cette vieille idée neuve, est nécessaire à la République dont elle a toujours été la source vive. Au moment où celle-ci est attaquée de toute part, il y a une urgence radicale. Et là, il ne faut pas se le cacher, il existe des divergences parfois importantes avec ce Président dont nous approuvons la démarche générale et le positionnement courageux sur l’Europe.
Nous, nous sommes pour une République fière de ses valeurs qui se bat sans concession contre l’intégrisme et sa conséquence, le communautarisme. Une République qui est « toujours Charlie » et qui se bat pour une laïcité exigeante capable, par exemple, de poser sereinement mais fermement des questions aux responsables musulmans sur la place des femmes dans la société et la place du politique vis-à-vis de la religion.
Les radicaux, eux, depuis le début du XXe siècle, sont solidaristes. Pour eux, s’il arrive qu’on soit pauvre par sa faute et riche par son mérite, la plupart du temps – et ça se vérifie encore largement dans notre société du XXIe siècle – il ne faut pas oublier qu’on est riche ou pauvre par déterminisme social. Le solidarisme, qui est l’affirmation politique de la solidarité sous toutes ses formes, ne peut trouver son compte dans une politique économique dont le curseur pencherait trop du côté des puissants.
On peut aussi s’interroger sur la lancinante question des migrants. Oui, le Président a raison de distinguer asile politique et migration économique. Ne serait-ce que pour aller jusqu’au bout et avec générosité de la logique d’intégration des réfugiés. Mais, pour autant, on ne peut pas ne pas traiter dans le respect de nos valeurs humanistes la question de l’immigration économique. C’est aussi, si on réfléchit à moyen et long terme, une question de pragmatisme.
Les radicaux, c’est aussi dans leur ADN, ont toujours été en pointe sur les sujets dits « de société ». Je n’en évoquerai que deux.
L’euthanasie d’abord, les drogues douces et même aux drogues tout court pour lesquels il convient de sortir de l’hypocrisie.
Les radicaux seront là pour le rappeler.
Patrick Mottard ( Mouvement Radical social et libéral- président du PRG06)