Nous recevons et publions bien volontiers cette lettre-ouverte de Yann Librati, conseiller municipal socialiste qui donne son éclairage sur un observatoire des prix qu’il aurait souhaité « observatoire des coûts ».
« L’observatoire des prix est devenu un simple affichage politique »
Encore une mauvaise nouvelle pour les Niçois : après une hausse d’impôts sans précédent de plus de 17%, le refus, par la Mairie, de mettre en place un véritable observatoire des coûts. Cet observatoire devait permettre de lutter efficacement contre le gaspillage et les surcoûts gigantesques imposés par les différents lobbies qui vivent de la dépense publique.
En effet, ne pouvant tolérer un tel état de fait et afin de faire toute la transparence sur ces pratiques, j’ai proposé, en décembre 2009, la création d’un observatoire des coûts.
L’objectif affiché était clair : se doter d’un outil garantissant que la Ville paye ses équipements au « juste prix ». Pour cela, il faut comparer ce que Nice paye et ce que d’autres collectivités, pour un usage équivalent, payent elles aussi. Le coût moyen d’une rame de tram ? D’une piscine, d’une école ou d’un grand stade ? L’observatoire des coûts devait répondre avec précision à ces questions par des études poussées. Car entendons nous bien, il ne s’agit pas simplement de savoir à quel prix nous payons mais de vérifier la qualité du produit livré ainsi que la conformité entre le produit livré et le produit commandé (ce qui n’est pas toujours le cas). Et, aujourd’hui, les outils font défaut pour faire cette évaluation pourtant primordiale.
Qu’a fait, en réalité, la ville de Nice ? Un observatoire des prix, qui, refusant de s’attaquer aux vrais problèmes, préfère étudier le coût du stylo et de la ramette de papier par agent et par an, ou faire une étude de marché du coût…de la tonte des pelouses !
Nous sommes loin de l’objectif fixé et le maire de Nice, pourtant Ministre de l’Industrie, semble ne pas connaître la différence entre un prix et un coût !
Lorsque vous achetez une maison, vous ne regardez pas uniquement son prix, mais son coût global : les charges individuelles et collectives, les ravalements de façades prévus ou à prévoir, son entretien, la question du stationnement et la présence d’un garage, etc.
Il en va de même pour la Ville de Nice qui ne doit pas se contenter d’étudier les prix des produits qu’elle achète mais leur coût dans leur globalité. Le prix d’un produit est le montant réglé à un instant « T », alors que son coût comprend l’ensemble du cycle de vie du produit : de la conception de l’achat, l’achat lui-même, mais aussi l’usage du produit (la satisfaction donnée), jusqu’au recyclage éventuel du produit. Un bâtiment peut avoir un prix donné à sa livraison, mais ce prix ne contient ni le coût de son entretien et de sa révision régulière, ni celui des aménagements nécessaires après usage, etc.
Je dénonce également régulièrement les avenants de contrats qui sont comme autant de coup portés à un engagement préalable. Ces avenants qui, parfois, représentent plusieurs millions d’euros et que l’on paye depuis des années. Nous sommes les otages de ce genre de pratique et sans une volonté réelle, et non feinte pour les seules cameras, ces pratiques continueront et les Niçois continueront de payer !
Faut-il, pour illustrer mon propos, parler du chantier de l’hôpital Pasteur II (dont Christian Estrosi est le président du Conseil d’Administration) qui, après avoir augmenté de 57 millions d’euros, augmente aujourd’hui encore de 10 millions d’euros ?
Visiblement, à Nice, c’est bien la volonté politique qui manque pour lutter contre ces surcoûts. Et c’est la raison pour laquelle je me désolidarise totalement de « l’observatoire des prix » mis en place par la Ville de Nice et qui ne sert, au final, que de caution à un système que je dénonce et contre lequel j’ai proposé les solutions adéquates.
Yann Librati,
Conseiller municipal socialiste,
Président de la Commission des Finances de la Ville de Nice