L’enquête publique sur la réalisation de la Ligne 2 du Tram a soulevé pas mal de questions. Europe Ecologie – Les Verts, par la voix de Mari-Luz Hernandez-Nicaise, conseillère municipale de la ville de Nice, explique les « dires » déposés lors de l’enquête publique. EELV a en effet relevé de nombreuses zones d’ombre : entre dossiers manquants et non-sens, la ligne T2 semble loin d’être construite.
Bilan de la ligne T1
Plusieurs problèmes ont été soulevés par Mari-Luz Hernandez-Nicaise et EELV.
Tout d’abord, le bilan de l’implantation de la ligne T1 n’est pas présent dans le dossier. Cette absence est susceptible d’invalider l’enquête, car un bilan des résultats économiques et sociaux doit être établit au plus tard 5 ans après la mise en service (novembre 2007), et doit être rendu publique. « Et il ne faut pas oublier que la ligne T1 n’est pas encore terminée. » ajoute la conseillère municipale.
Terminus Ouest
Concernant les terminus, l’équipe EELV remet d’une part en cause la construction d’une desserte vers l’aéroport depuis Saint-Augustin. Il est prévu qu’une rame sur trois ne se dirige pas vers le terminus Nikaïa, mais vers l’aéroport. Selon eux, cette solution ne favorise ni l’aéroport, car les départs vers celui-ci ne seraient pas assez fréquents, ni les gens voulant se rendre à Nikaïa, qui devront attendre près de 10 minutes qu’une nouvelle rame arrive. « Il serait plus judicieux de mettre en place des navettes depuis la station Saint-Augustin, à la charge de l’aéroport, comme le Orlyval. Cela permettrait de diminuer le coût de cette ligne et de réaliser d’autres aménagements vraiment nécessaires. » expliquent-ils.
Terminus Est
D’autre part, le terminus Est leur paraît être un non-sens. « Placer le terminus Est au Port revient à exclure le quartier Riquier, soit près de 12 000 personnes ! » précise Mari-Luz Hernandez-Nicaise. « Dans la logique, il faudrait allonger le tracé jusqu’à la gare Riquier. En terme de flux, c’est la 5e gare du département. » Près 1,3 million de personnes utilisent cette gare chaque année, selon Réseau Ferré de France. « C’est une erreur de conception en matière de transport en commun ! La gare Thiers n’est déjà pas connecté à la ligne T1. » D’après EELV, il serait possible de dissocier les voies : la voie montante passerait par le boulevard Riquier, et la voie descendante par la rue Arson. Cette solution permettrait notamment de ne pas bloquer la circulation importante impruntant cet axe. En matière de coût, cet allongement « serait marginal par rapport à l’ensemble de la réalisation, d’autant qu’il répondrait à une forte demande. Il serait donc amorti par les 12 000 utilisateurs potentiels de Riquier. »
Connexion T1/T2
Les lignes T1 et T2 ne seront pas connectées ! Deux correspondances sont prévues, « mais qui sont très mal conçues ! », annonce Mari-Luz Hernandez-Nicaise. « Par exemple, à Garibaldi, il faudra traverser toute la place en diagonale pour relier les deux stations. » En effet, les correspondances ne seront pas faciles, du fait de leur emplacement, mais aussi par le passage d’une ligne enterrée à une ligne en surface. Et ce problème en soulève un autre : le tronçon souterrain.
Géologie
Le sous-sol de Nice est traversé par différents cours d’eau. Avec la construction d’un Tramway souterrain, ces cours d’eau seront dérivés. Ces dérivations auront des effets sur le niveau de la nappe phréatique : les variations dûes à cette construction s’ajouteront aux variations climatiques. « Ceci constitue donc un danger pour les caves déjà innondées ou à la limite de l’innondation, ainsi que pour le bâti ancien (les fondations pourront être fragilisées, ndlr). » expliquent les membres d’EELV. « Tous les points bas de la ville constituent des zones critiques en cas d’événements naturels. » Compte tenu de la constitution du sol niçois, « une étude géologique a été réalisée, mais la synthèse effectuée à partir des forages sur la géologie et de la lithologie du tracé n’a pas été jointe à l’enquête ! » ajoute Mari-Luz Hernander-Nicaise.
Chantiers et pollution
De plus, ce passage enterré va entraîner de lourds chantiers à ciel ouvert. Il y aura les trois trémies du tunnelier et les chantiers de construction des trois stations. « La trémie de Grosso mesurera 6 000m², avec une centrale de traitement des boues (3 silos de 15m de haut, ndlr) et une centrale à mortier (5 cuves de 8m de haut, ndlr). » expliquent la petite équipe. « Ces implantations vont générer des problèmes encore plus importants et plus durables que la création d’une ligne en surface ! » Tout ceci sans compter le nombre de camions qui transiteront sur les routes.
Cet enfouissement entraîne un surcoût estimé à 300 millions d’euros. Ce coût a amené les concepteurs à espacer les stations. Ces distances seraient acceptables pour un métro, mais pas pour un Tramway (elles seront à plus de 400m les unes des autres, ndlr). « Une partie des quartiers traversés ne sera donc pas desservi. »
Souhaits d’EELV
EELV demande donc à la municipalité de revoir son projet, afin de le rendre pratique et abordable financièrement. Cette demande tient en quatre points :
- – la suppression du passage souterrain,
- – la mise en place d’au moins une connexion avec la ligne T1,
- – le prolongement jusqu’à la gare Riquier,
- – la suppression de la desserte de l’aéroport.
« De plus, il y a un vrai contraste entre le coût et l’état des finances de la ville. » conclue Mari-Luz Hernandez-Nicaise.
