Philippe Pradal, 53 ans, le nouveau Maire de Nice, est relativement nouveau dans le monde de la politique. Expert-comptable de profession, il est élu au conseil municipal de Nice depuis 2008. Il avait ensuite été nommé 1er adjoint en 2013 – après le désaveu par Christian Estrosi de son bras droit de l’époque, Benoît Kandel – puis confirmé après l’élection de 2014.
Chrétien-social, engagé dans le bénévolat, sa rencontre avec la politique fut tardive et, suivant les bien informés, elle fut presque le fruit du hasard : son cabinet professionnel gérait les comptes administratifs de feu l’UMP locale et Christian Estrosi cherchait des personnes pour monter sa première liste contre Jacques Peyrat et les candidats de gauche, Patrick Allemand et Patrick Mottard, pour les municipales de 2008…
D’ailleurs, à cette occasion, le futur maire ne figurait pas parmi les « poids lourds » qui secondaient Christian Estrosi. Mais le style sobre, la compétence et la loyauté ont vite percés et… On connait la suite !
Philippe Pradal a recueilli 56 suffrages contre 2 blancs. Le reste de l’opposition a refusé de participer au vote.
Dans une courte et dense allocution (si le bon jour se voit au matin, ce sera déjà ça de pris !) , il a rappelé que « son action s’inspirera du projet voté par les niçois en 2014 et que la majorité reste la même ». Il est également revenu plusieurs fois sur le terme « équipe » et comment il comptait y faire appel.
Christian Estrosi, qui est devenu, en décembre 2015, président de la région PACA, demeure également président de la Métropole Nice Côte d’Azur, et reprendra en tant que 1er adjoint l’ensemble des délégations (finances, travaux, sécurité, transports, stationnement, circulation, voirie et occupation du domaine public) qui étaient détenues par son prédécesseur.
C’est dire s’il est loin d’avoir abandonné le pouvoir.
Les divers groupes de l’opposition municipale ont dénoncé la passation de pouvoir entre le premier édile et son adjoint en stigmatisant la décision de l’ancien maire de rester 1er adjoint avec des délégations significatives et d’assumer la présidence du groupe de la majorité « Nice Ensemble ». Ils ont dénoncé à plusieurs voix le « détournement » de l’esprit de la loi sur le cumul des mandats.
Si Patrick Allemand (PS) n’y a pas été par quatre chemins en pointant un « incroyable scénario qui a permis de dupliquer, à l’échelle d’une ville, ce que Poutine et Medvedev ont fait à l’échelle d’un pays », histoire, peut-être, d’évoquer la proximité et le soutien affiché de Christian Estrosi au président de la Fédération de Russie, Olivier Bettati (DvD) et Madame Arnautu (FN) ont contesté le choix d’appliquer strictement le règlement qui prévoit l’élection du maire par le conseil municipal alors qu’eux demandaient le retour à la consultation populaire .
L’intervention la plus appropriée fut, à notre avis, celle de Dominique Boy-Mottard (DvG) qui, s’adressant au nouveau maire, le conseilla : « Vous n’avez pas le profil d’un prête-nom, mais vous imposer ne sera pas chose facile ».
En fait, si Christian Estrosi a fait le choix, plus intéressant pour lui, d’imposer comme son successeur une personne compétente, équilibrée et loyale et pas (trop) ambitieuse (tout au moins pour le moment), il n’en reste pas moins vrai que d’autres ont du remettre dans le tiroir leurs ambitions (justifiées ou pas).
D’ailleurs, sur les bancs de la majorité, quelques sourires étaient plus ou moins bien simulés et on comprend très bien pourquoi !