C’est dans le salon du Palais des rois sardes que, le vendredi 20 juin 2008, Maître Martine Ouaknine, Maire-adjoint de la ville de Nice, ancienne présidente du CRIF Sud-est et Membre du Comité directeur du CRIF National a reçu des mains du Député-Maire Christian Estrosi l’insigne de Chevalier de la Légion d’honneur. Entourée de nombreux amis mais aussi de personnalités politiques, Martine Ouaknine a répondu au Président du Conseil général par le tutoiement que celui-ci avait, en s’excusant de cette entorse au protocole, employé quelques instants plus tôt à son égard. Elle a notamment souhaité associer dans une référence à l’ouvrage « la chaîne d’amour », ses parents, ses frères et sœurs et son fils en rappelant son parcours qui lui fit quitter pour Nice, les rivages marocains qui avaient tant bercé son enfance, moment de « rencontres précieuses qui transforment une existence », a-t-elle précisé. Et de nous faire partager dans un discours d’une grande intensité émotionnelle, les acquis de son éducation : « la richesse de la tradition juive » et son « respect pour l’autre ». Deux qualités qui furent mises à rude épreuve lorsqu’elle eut à connaître et à combattre, les premiers signes de l’antisémitisme. Pour cela, elle décida de s’impliquer, parmi de nombreux autres, dans le projet de « protéger les jeunes générations » contre ce fléau en organisant avec Christian Estrosi, les visites des collégiens et lycéens niçois au Mémorial d’Auschwitz. Proposition à laquelle, selon Martine Ouaknine, le président du Conseil général lui répondit par ces mots : « j’y suis allé et je sais qu’on ne revient jamais indemne d’un tel voyage ».
Quelques instants plus tôt, après avoir évoqué ce sujet, le Député Maire avait lui-même pris la parole pour exprimer sa joie « d’honorer une femme de cœur, d’action et d’ouverture mais surtout une amie fidèle ». « Une vie, ajoute-t-il dans son allocution, entièrement passée au service de la justice, de la tolérance et de la cité ». Retraçant la carrière de Martine Ouaknine, du Barreau au Notariat, Christian Estrosi précise encore qu’elle s’est impliquée dans la formation des « avocats de l’enfant, mais qu’elle consacre aussi beaucoup de temps « à assister les femmes en difficulté et les enfants en détresse », notamment dans le « cadre de divorces souvent mal gérés ». Rappelant son engagement de toute une vie dans le dialogue interreligieux, le Député-Maire de Nice a également mentionné qu’elle avait été la première femme cooptée par un Grand Rabbin au sein du Consistoire de Nice.
Point n’était donc besoin de s’interroger, comme le fit modestement Martine Ouaknine, au début de ses remerciements, sur les risques inhérents à cet exercice : « comment parler le moins possible de moi, tout en ne vous ne donnant pas le sentiment que cette médaille n’est pas méritée ? ». Pour une fois, la brillante éloquence de l’avocate était inutile. Traditionnellement, c’est la République qui honore. Avec Martine Ouaknine, c’était en quelque sorte la République qui était honorée.