Un rapport rédigé par le cabinet ICF-GHK pour la Commission européenne démontre que l’écrasante majorité des migrants européens qui se déplacent d’un État européen vers un autre le font pour trouver du travail et non pour bénéficier d’avantages sociaux.
Un travail similaire, commandé par le bureau britannique des affaires étrangères et publié en avril, aboutissait à des conclusions analogues.
Voilà une conclusion qui promet de tordre le cou à un argument largement utilisé à droite de l’échiquier politique : le « tourisme des avantages sociaux » au sein de l’Union européenne est un mythe.
Celui-ci tombe en tout cas à pic au moment où l’opinion publique européenne se divise sur l’intérêt d’une libre circulation au sein de l’Union. Certains responsables politique considèrent même officiellement que certaines villes pâtissent du coût que représentent les migrants.
En effet, ce printemps, les ministres de l’Intérieur du Royaume-Uni, d’Allemagne, des Pays-Bas et d’Autriche ont alerté la Commission européenne sur le sujet en lui adressant un courrier commun. Ils y dénonçaient le fait que certaines de leurs villes sont mises à rude épreuve face à l’arrivée de nombreux migrants européens sollicitant des prestations d’aide sociale. A l’époque, la Commission avait émis des doutes et sollicitait de données factuelles.
Or, l’étude de ICF-GHK indique que dans la plupart des pays européens, les migrants européens représentent moins de 5% des bénéficiaires de ces aides sociales.
D’ailleurs, la Commission européenne n’avait déjà pas suivi l’avis des auteurs de la lettre qui lui avait été transmise et insiste au contraire sur le fait que ces migrants contribuent aux finances de leurs pays hôte : si l’on considère cette population dans son ensemble, elle paierait plus de taxes qu’elle ne recevrait de prestations sociales.
Côté santé par exemple, les auteurs de l’étude avancent (ce ne sont que des estimations) que les dépenses pour soigner les migrants européens sans emploi ne représentent que 0,2% du total du budget santé. Cette part est néanmoins un peu plus élevée en Irlande (1,8 à 2,3%), au Royaume-Uni (0,7 à 1,1%) et au Danemark (0,2 à 0,7%).
Et la Commission européenne va plus loin. Son porte-parole, Jonathan Todd a affirmé à la BBC que l’étude montre que le système de santé des pays de l’Union tirent avantage des migrations. La ministre du Travail suédoise a ainsi fait remarquer que les migrants ont de meilleurs taux d’emploi que les citoyens natifs.
L’étude de ICF-GHK indique que les deux tiers des migrants sans emploi sont étudiants, réellement demandeurs d’emploi ou retraités, et non pas simplement des proches de ceux qui sont employés et préférent ne pas travailler.
Le sujet est particulièrement d’actualité car à partir de janvier 2014, les travailleurs bulgares et roumains jouiront d’une circulation totalement libre vers l’ensemble des pays de l’Union, y compris vers l’Autriche, l’Allemagne, la Belgique, la France, l’Irlande, Malte, le Luxembourg, les Pays-Bas et le Royaume-Uni, qui imposent encore aujourd’hui des restrictions. Certains, notamment de l’autre coté de la Manche, craignent particulièrement un afflux de nouveaux migrants, d’où ce courrier printanier.