Elle est un écrivain célèbre et lui un jardinier anonyme mais tous les deux ont un mal de vivre et une tendance suicidaire, c’est cette solitude qui semble les réunir dans l’absolu…
Sylvie (Claire Denval), en panne d’inspiration et délaissée par son amant Pascal, renonce au suicide et décide de se retirer dans l’ancienne villa familiale, au bord de la mer, pour y retrouver la quiétude et l’inspiration. Dans son esprit machiavélique, elle décide de passer une annonce pour un jardinier en espérant qu’il soit drôle et intelligent et pourquoi pas le mettre dans son lit ; histoire de joindre l’utile à l’agréable… Bruno (Ali Boudiaf), cocu mais toujours obsédé par sa femme Christine, vient également de perdre son boulot et décide de répondre à l’annonce. Le rendez-vous a lieu dans un bistrot et le signe de reconnaissance est un exemplaire de « Libé » qui doit être posé devant l’écrivain. Mais elle ne prend pas le bon journal et la rencontre est électrique car l’homme est quelque peu brusque, à cheval sur ses principes et cette femme légèrement arrogante, de part son statut.
Finalement il accepte ce contrat temporaire par nécessité financière mais elle décide rapidement de jouer au « chat et à la souris » avec cet homme qui l’attire et d’en faire également -mais sans le lui dire- le personnage de son roman. Il découvre la machination, la proie sort ses griffes et le chasseur devient victime. « Ce n’est pas votre corps que je veux, c’est mon livre » lui lance-t-il devant ses avances très claires.
A des années lumière du « chabadabada », on se situe plutôt dans le jeu cruel du « je t’aime, moi non plus ». L’affrontement de deux fauves interprétés par deux comédiens de tempérament et de talent, de la toute jeune compagnie La Java montée à l’occasion de l’adaptation du livre de Didier Van Cauwelart, entend ne pas en rester là. Pour cela, elle a besoin de moyens qui découlent du résultat des pièces ou de ses activités. Pas facile lorsque l’on doit jongler entre sa passion qui ne fait pas encore vivre et un ou plusieurs métiers « alimentaires ».
Malgré un long parcours, que ce soit sur scène, à la télévision ou bien au cinéma pour Ali, il est obligé de faire le manœuvre sur les chantiers ou sur la scène d’un grand théâtre à démonter les décors pour vivre. Même vie multiple pour sa partenaire, franco-argentine qui sait tout faire, chanter, danser, faire sourire ou émouvoir. Sa voix est utilisée pour les doublages, elle travaille comme hôtesse dans l’événementiel et pose comme modèle dans les écoles graphiques.
Malgré ces conditions, Catherine Lauverjon, comédienne de télévision et de cinéma mais surtout professeur de théâtre, metteur en scène née et formée à Nice, a réussi à présenter une pièce très enlevée, à concilier la “réalité” et la “fiction”.
La réalité, c’est la puissance du désir et les acteurs qui incarnent les personnages jouent sur une gamme émotionnelle très riche, très réaliste : affective, sensuelle, morale, idéologique, sans oublier l’humour. La fiction est rendue par des effets scéniques qui déplacent la réalité, rendent intemporels sujets et décors. Le sable apparaît dans toute sa symbolique et vient apporter la contradiction avec la notion de noces…
Avec Claire Denval et Ali Boudiaf / Mise en scène de Catherine Lauverjon / Scénographie de Dom Corrieras avec la participation de Lydie Dassonville pour les sculptures.
« Les Noces de sable » de Didier Van Cauwelart par la Compagnie La Java jusqu’au 14 décembre (vendredi et samedi à 20h30 et le dimanche à 15h)
Espace Magnan / Salle de La Rampe Rouge
31, rue Louis de Coppet 06000 Nice /
Réservations au 04 93 86 28 75 ou sur www.espacemagnan.com