La municipalité a obtenu l’accord de l’État pour réutiliser ses eaux usées traitées pour l’irrigation et le nettoyage. Christian Estrosi a assisté à la mise en service de ce projet, à la station d’épuration Haliotis, ce 4 juillet.
« Il était temps ! », se réjouit Christian Estrosi, maire de Nice. Le président de la Métropole Nice Côte d’Azur avait adressé un courrier à Elisabeth Borne en septembre 2022. L’objet de sa demande : pouvoir réutiliser les eaux usées traitées pour arroser et nettoyer les voiries. Le feu vert lui a été accordé au mois de juin. L’heure est au concret.
Sur le site d’Haliotis, une unité pilote permet désormais de traiter 240 m3 d’eau par jour soit 87 000 m3 par an. Une première étape avant une montée en puissance grâce au chantier d’Haliotis 2, la plus grande station d’épuration d’Europe. Cette modernisation du site a notamment pour objectif d’atteindre 5 millions de m3 d’eaux usées traitées par an, soit soixante fois ce que produit cette première unité.
Ainsi, en réutilisant 7% de ces eaux, Nice pourra subvenir à la globalité de ses besoins d’arrosage et d’entretien des rues, « sans avoir besoin de puiser sur les ressources naturelles« . À l’issue du cycle de traitements, cette eau est certifiée de classe A européenne, ce qui garantit le plus haut niveau de qualité sanitaire. La désinfection de l’eau par des lampes UV et par une chloration « n’est pas nocive pour l’arrosage des plantes », assure Simon Edouard, directeur commercial Nomad’o.
Le Parc Phœnix bientôt arrosé avec des eaux usées
L’eau usée traitée peut à ce jour, être utilisée uniquement pour arroser les espaces verts du site d’Haliotis. À savoir que pour chaque usage de ces eaux, un dossier doit être déposé et validé auprès de l’autorité compétente, la Direction Départementale des territoires et de la mer. Jusqu’à ce jour, les eaux usées, une fois traitées, étaient rejetées à la mer car considérées comme non-potables.
D’ici l’automne 2023, la municipalité espère avoir obtenu l’accord pour que ce dispositif soit élargi. Il permettrait l’arrosage du Parc Phoenix, et d’autres espaces verts ainsi que le nettoyage des voiries et l’hydrocurage des réseaux. Cette technique permet de nettoyer en profondeur des canalisations grâce à un système de jets sous pression.
Nice pour rattraper le retard français
La France réutilise seulement 0,6% de ses eaux usées traitées. Elle se classe ainsi en très mauvaise élève par rapport à ses voisins méditerranéens. L’Italie est à 7%, l’Espagne touche les 14%. Le maître en la matière est Israël qui peut se vanter d’un score de 80% de réutilisation de ses eaux usées traitées.
Alors pourquoi un tel retard en France ? « Il y a sans doute plus d’organismes de certification que dans d’autres pays européens. La France est connue pour être extrêmement tatillonne, technocratique« , avance le maire niçois.
« Je me suis battue pour faire bouger les lignes sur ce sujet qui relève du bon sens », partage l’édile niçois. Fier de sa politique environnementale, il ajoute : « Ce n’est pas parce qu’on est en avance sur les autres qu’on doit être pénalisé ». Une avance qui est possible grâce à un avantage certain : Nice dispose d’un réseau parallèle d’eau brute séparé du réseau potable. « On est les seuls à avoir un réseau d’eau brute », insiste-t-il.
« Zéro inconvénient »
Concrètement, grâce à cette particularité les eaux usées traitées, qui ne sont pas autorisées à rejoindre le réseau d’eau potable, peuvent donc être injectées dans le réseau d’eau brute. Ces canaux quadrillent la ville sur des centaines de kilomètres.
Christian Estrosi souligne que, par conséquent, la Ville évite le transport de cette eau par camion citerne, ce qui équivaut à de la pollution en moins. Une solution avec « zéro inconvénient », se vante-t-il. À Cannes, le maire David Lisnard a fait de cette réutilisation des eaux usées, son cheval de bataille. Ayant obtenu lui aussi l’accord de l’État, il réutilise les eaux usées filtrés les acheminant aux endroits nécessaires par camion.