Un panneau immense annonce que le dernier rail du tramway vient d’être soudé. Voilà le véritable héros de ce 4 juillet 2007, jour de la commémoration de la naissance de l’homme le plus honoré dans le monde.
La musique, suivie de quatre cavaliers vêtus de rouge, baïonnette au clair, et d’ un autre, sosie de Garibaldi sur son cheval, envoyé d’Italie, descend, suivie des personnalités et du public, la rue Ségurane, pour s’arrêter devant la banque qui fait angle avec le port, devant la plaque en italien qui signifie qu’à cet emplacement se situait la maison natale du héros. La plaque en français et en niçois, na pu être posée car, paraîtrait-il, cela fâcherait les copropriétaires de l’immeuble.
Le vent devient violent, le cortège se dirige vers le monument aux morts. On écarte la foule pour ne laisser que les personnalités sur l’immense esplanade. Et l’on attend la voiture du préfet qui est en retard.
Ce n’est pas le préfet qui arrive, mais son chef de cabinet, la République n’ayant probablement pas trouvé d’autre représentant pour honorer ce symbole de liberté.
Et là, mis à part le Maire de Nice, Jacques Peyrat, le Président du comité du Bicentenaire Jean-Pierre Mangiapan, ce sont une série de seconds couteaux (hommes de valeur malgré tout), qui vont déposer des gerbes au pied du monument aux morts, devant les descendants de la famille de Garibaldi.
Pas de ministre italien, pas de ministre français, pas de président du conseil régional, pas de président du conseil général, mais pis que tout, pas même un drapeau niçois !
L’orchestre de la légion joue la sonnerie aux morts (bizarre pour la commémoration d’une naissance !), puis « Fratelli d’Italia » ,l’hymne national italien repris en choeur par les nombreux italiens présents, enfin la Marseillaise, avant de repartir en musique vers le port, suivi du cortège officiel. À ce moment-là, quelques voix s’élèvent pour chanter Nissa la Bella, histoire de rappeler que Garibaldi était niçois. Mais la légion n’en a cure et recommence son programme.
En passant sous la statue de Carlo-Felice, certains regardent son doigt cassé, en se souvenant des promesses non tenues. Un passant, ne manquant pas d’humour, en voyant la voiture des pompiers déclare « Vous avez vu ? Les pompiers ont fait un effort, ils ont peint la voiture en rouge ! »
Une estrade installée sur le port accueille nos personnalités en plein vent et plein soleil. Le consul d’Italie évoque l’attachement de Garibaldi à Nice, et Jacques Peyrat, dans une belle envolée lyrique, les liens qui ont uni le héros à la liberté et à la République.
Les bâtiments des marines militaires françaises et italiennes n’ont pu être au rendez-vous, à cause du vent paraît-il. Un chœur italien monte sur l’estrade. Nous sommes le premier mercredi du mois, les sirènes retentissent, il est midi. Le canon du château tonne et un petit nuage blanc s’élève dans le ciel limpide. Peut-être l’âme du héros qui constate que, deux cents ans après sa naissance, sa ville a pensé à lui, chichement, petitement, mesquinement.
Décidément, l’homme de la liberté fait encore peur aujourd’hui. Raison de plus pour en être fier et digne en son for intérieur.
Christian Gallo
Photos : Zulaan
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