Scandant « Hersant (Philippe Hersant, leur actionnaire principal, NDLR), va-t-en! » ou encore « Nice-Matin vivra », les manifestants se sont rendus, hier, sous une pluie glaciale, du siège du groupe jusqu’à la préfecture, groupés derrière une fausse « Une » géante du journal où l’on pouvait lire: « Il y a le feu, Hersant ne joue pas le jeu ».
Les manifestants, dont une majorité d’ouvriers du livre, ont ensuite brûlé un mannequin à l’effigie de Philippe Hersant, alors qu’une délégation intersyndicale était reçue par le secrétaire général de la préfecture.
Gérard Pitocchi, délégué CGT (majoritaire parmi les ouvriers du livre), a expliqué les grèves surprise de mercredi et jeudi par le fait que « les salariés ne supportent pas qu’après un mois et demi de négociations, on vienne encore faire de la surenchère » en exigeant notamment « encore plus de licenciements que ce qui avait été discuté ».
« Nous attendons de l’Etat qu’il pousse nos deux actionnaires », Philippe Hersant et l’homme d’affaires Bernard Tapie, « à respecter les engagements (d’assurer la trésorerie du groupe, NDLR) qu’ils ont pris devant le Ciri (Comité interministériel de restructuration industrielle) voilà un an ».
De son côté, le PDG du groupe Dominique Bernard a indiqué jeudi dans un email aux employés du groupe que les mouvements de grève des deux derniers jours, « totalement irresponsables », avaient remis « en cause le processus de négociation engagé, dans un esprit de loyauté, de confiance et de transparence, comme les parties s’y étaient engagées lorsque nous avons ouvert les négociations ».
Mais lors d’une réunion tenue dans l’après-midi entre direction et syndicats, il a finalement été convenu de reprendre ces négociations dès vendredi, selon M. Pitocchi.
Seize rounds de négociation ont déjà eu lieu depuis un mois et demi. Les syndicats se sont jusque-là dits prêts à accepter un projet de 133 départs volontaires sur trois ans, assorti d’économies de 2,5 à 3 millions d’euros.
Dans un email envoyé au personnel mercredi soir, le directeur des ressources humaines du groupe, Gérard Cussac, a précisé que Philippe Hersant évoquait désormais 160 licenciements. Un chiffre confirmé jeudi par la direction aux syndicats, selon M. Pitocchi.
Le groupe Nice-Matin, qui regroupe notamment les quotidiens Nice-Matin, Var-Matin, Corse-Matin et Monaco-Matin, emploie un millier de salariés.