Il n’y aura pas de grande fête créole, cette année, à Nice. Le Festival Créole, troisième du nom, qui devait se dérouler du 11 au 18 septembre, a été finalement annulé. Le Cercle Méditerranée Caraïbes qui était à la base de cette manifestation, placée sous le haut patronage du Président de la République, des Ministres de la culture et du tourisme, ne décolère pas de ce volte-face de la Mairie de Nice qui avait, un temps, collaboré à ce projet.
Le CMC avait obtenu tous les financements nécessaires ainsi que le label « francofffonies » tout comme le soutien d’importants partenaires privés et avait travaillé en collaboration avec divers services de la Mairie de Nice, avant d’essuyer un refus, le 30 mai dernier, après plusieurs mois de travail sur l’organisation.
Marie Reine de Johan, responsable du CMC, revient sur ce festival qui finalement n’aura pas lieu… à Nice, en tout cas !
Nice Pemière : Marie Reine de Johan, pouvez-vous nous en dire plus concernant l’annulation de votre Festival à Nice ?
MRJ : Oh la la ! Il faudrait vous raconter vingt entretiens à la mairie, de septembre 2005 où M. Richard Pogliano m’annonce – devant témoin – que le maire veut développer le Festival Créole, à mai 2006, où M. Jean-Claude Mari me déclare – toujours devant témoin – que « Le Festival créole? C’est fini! La mairie refuse! ».
Il faudrait vous décrire nos efforts acharnés, nos coups de téléphone, fax et mail aux Antilles pour contacter les partenaires, les convaincre, les fédérer. Il faudrait vous faire partager l’enthousiasme des artistes et des écrivains qui répondent tous présents, et enfin, cerise sur le gâteau, la mobilisation des partenaires azuréens, séduits à leur tour, les collectivités territoriales, les associations, les entreprises.
Le couperet est tombé, le 30 mai 2006, à la veille de la conférence de presse où devait être présenté le 3ème Festival Créole de Nice, sans autre explication que le sourire acéré de M. le Maire-adjoint, beau-frère du maire : « Le Festival Créole ! C’est fini! »
NP : A votre avis, quelles ont été les raisons de ce désengagement de la Mairie de Nice ?
MRJ : Des raisons! Vous plaisantez! Ne voyez-vous pas que nous sommes dans le domaine de l’absurde et du kafkaesque.
Cherchez-vous une logique dans la tour de Babel qu’est devenue la mairie de Nice, un monument d’incohérence ? J’ai travaillé 8 mois en liaison avec un service de la mairie, au nom du maire. Un autre service me sabre à la sortie, toujours au nom du maire.
Mon interview publiée dans Nice-Matin , sous le titre « Polémique autour de l’annulation du Festival Créole » apparaît tronquée, dénaturée.
Des raisons ? Hum. Voyons voir. Quelqu’un m’aurait-il dans le nez? A moins que ce ne soit la culture créole?
Ou… la communauté créole?
NP : Comment un Festival sous le haut patronage du Président de la République et des Ministres de la culture et du tourisme ne peut-il intéresser une ville comme Nice ?
MRJ : Hé non! La mairie de Nice est, semble-t-il, une affaire de famille où l’on se passe et repasse la moutarde et le séné tout en lavant son linge sale à la petite semaine.
( il faut dire qu’il y en a un paquet). Le chef de famille décide, ou son beau-frère, ou sa femme. Le Président de la République ? Aucune importance. Les ministres ? idem.
NP : Quels sont les recours possibles ?
MRJ : Un seul : l’information. Nous communiquons avec les medias, les leaders d’opinion, les politiques, les écrivains, les artistes, et le public niçois à qui la mairie s’est bien gardée de demander son avis. L’écrivain Raphaël Confiant me propose de faire une pétition. C’est en cours. Et puis…bientôt les élections.
NP : Où allez-vous organiser votre prochain festival ?
MRJ : Une grande ville du midi m’a déjà contactée. Avant d’accepter, je vérifierai qu’il n’y a là ni tour de Babel, ni traître d’opérette beau-frère du maire.