Vendredi dernier, Christian Estrosi a célébré, avec l’emphase dont il n’est pas dépourvu, les « fiançailles » avec sa collègue « signora Sindaco » Marta Vincenzi, Maire de Gênes.
Ce partenariat entre les deux capitales de la Riviera (italienne et française) se veut stratégique et va bien au delà de la commune volonté de favoriser une liaison ferroviaire digne de ce nom. Il prend en compte les exigences de la mobilité moderne et envisage la mise en place d’un plan de transports maritimes pour le trafic lourd qui, s’il est réalisé, pourrait réduire, du moins en grande partie, le passage de 4000 poids lourds à l’ancien poste de frontière de Vintimille. L’intention de ce partenariat est aussi de mettre en commun la géopolitique des deux villes vers l’Union Européenne (principalement les fonds FEDER via des GECT) et le rôle que chacune peut jouer au sein de Eurocities (Gênes) et Euromed (Nice).
On ne peut que louer cette capacité de perspective et cette alliance internationale qui intègre deux villes-territoires. La future Nice-Métropole et Gênes qui a déjà une extension de territoire assez importante qui va de Voltri aux bords del Tigullio le long de la mer et jusqu’à la Polcevara vers les Apenins. De plus leur passé historique est commun. Nice et Gênes sont identiques du point de vue socio-économique et ont besoin de se relancer sur l’échiquier international compte tenu de leur positionnement en second rôle à ce jour : Nice par son éternel rapport d’infériorité vis à vis de Marseille et Gênes qui a perdu son statut de troisième angle du ‘triangle industriel’ des années ’60 (les deux autres étant Turin et Milan).
Mais les rapports et les alliances sont aussi le fait d’actes concrets.
C’est pour cela que la privatisation (60% du capital) de l’aéroport de Gênes pourrait être une de ses occasions qui font que les « protocoles » ne restent pas que de belles intentions mais des volontés auxquelles suivent les actions.
L’aéroport de Gênes a besoin d’un partenaire qui n’apporte pas seulement de l’argent mais aussi une stratégie concrète avec une influence suffisante pour intégrer cet apport dans une stratégie globale. Le partenaire devra lui donner un rôle important et posséder un savoir-faire dans la gestion d’une telle structure. Il doit pouvoir lui donner une assise de compétitivité en rapport avec les standards internationaux. L’aéroport de Nice qui est d’une taille 9 fois supérieure par rapport à son homologue gênois, n’a-t-il pas toutes ces caractéristiques ? Les occasions, même imprévues, se présentent et il faut savoir les saisir… Alors pourquoi manquer celle-ci ?
D’autre part ce n’est pas Machiavel, l’inventeur de la science politique, qui faisait dire à un de ses personnages, dans son roman « La Madragore »… « da cosa nasce cosa » même s’il y ajoutait prudemment « e che il tempo la governi ». On pourra dire la même chose du « pensum » de Christian Estrosi ?
Alors, Nice et Gênes : des « fiançailles » au « pacs » ?
Ce lundi donc, le Conseil de l’autorité portuaire (Autorità Portuale) délibèrera la procédure pour l’appel d’offre de la privatisation de l’aéroport Cristoforo Colombo de Gênes et ce malgré l’opposition des syndicats qui craignent que cette opération ait comme conséquence une lourde restructuration avec réduction des effectifs. Mais si cette opération peut être retardée, elle ne pourra pas être évitée (pour cause de loi).
Mais le scénario est encore plus « nuageux » si l’on considère que les collectivités locales, déjà affectées par la politique budgétaire restrictive du Gouvernement italien et qui le seront à l’avenir encore plus suite aux dispositifs du fédéralisme fiscal tels qui sont annoncés, n’ont pas les moyens financiers pour être partie active dans l’opération.
Ainsi, au delà des sempiternelles fondations bancaires toujours utiles pour jouer le rôle de pourvoyeurs de fonds, le risque est de ne savoir qui arrive dans le capital et dans la gestion d’un aéroport déjà marginalisé dans son positionnement sur le marché national et international. Et cela avec les stratégies et leur mise en application que l’on sait quand on parle finance.
D’autre part certains noms de potentiels investisseurs commencent à circuler dans les « cercles » de la capitale de la Ligurie et … On comprend donc très bien que l’option à préférer soit celle d’un partenaire « industriel » qui puisse apporter son savoir-faire et utiliser l’aéroport gênois comme pièce maitresse d’une stratégie plus complète.
L’advisor KPMG a déjà préparé un document d’analyse et proposition pour l’appel d’offre qui devra solliciter les candidatures.
De même une estimation de la valeur de la part du capital qui sera mis en vente (à 6O%) a été également évaluée. Mais sur ce point Nice Premium, qui en a connaissance, préfère à ce jour se faire discret pour des raisons de confidentialité.