Nice-Premium : Christian Estrosi a dévoilé son projet pour le Port de Nice. Globalement qu’avez vous pensé de celui-ci?
Fabien Bénard : Après les épisodes à rebondissements de l’autorité gestionnaire du port et de son propriétaire, je suis étonné par le dévoilement de ce projet de rénovation « urbanistique ». Je trouve là, les ingrédients de l’effet d’annonce, de la précipitation et de la démagogie. Effet d’annonce car il n’y a que des esquisses et pas de véritable projet. Précipitation, car la proximité d’une nouvelle joute électorale (le 12 eme canton …) peut expliquer des délais si courts, de l’annonce aux enquêtes publiques jusqu’aux deux tranches de travaux.
Enfin, démagogie, car ce « conseil des sages du port » laisse croire que les habitants et les usagers ont donné leur avis. La place annoncée des pistes cyclables fleure bon ce qui est dans l’air du temps.
Et avoir l’objectif d’enlever 40000 voitures du centre de Nice pour rajouter sous le port 300 places de parking supplémentaires, soit 1000 places en tout ? Ce n’est pas cohérent. Je me demande où va passer le trafic de la basse corniche ?
NP : Pour vous, sans rentrer dans les détails, quel aurait-été le projet idéal pour faire de ce quartier un centre de vie?
FB : Je pense que le Port est déjà un centre de vie. Il y a des gens qui vivent autour du port, des gens qui travaillent, et beaucoup qui se promènent. Un bâtiment public à vocation culturelle serait un plus, puisque les loisirs ont déjà leur place du côté de la base nautique. Nous avons là le plus grand club de Kayak de France, par le nombre de ses adhérents ! Avec l’école primaire et le collège, des terrains de sports et de jeux modulables pourraient être imaginés sur les quais.
NP : Existe-t-il une solution miracle pour rapprocher le Port de Nice à la Vieille Ville et à la Place Masséna?
FB : Il n’y a que quelques centaines de mètres entre le port et la vieille ville, que je trouve très agréables, en cheminant à pied, autant par la place Garibaldi que par Rauba Capeu.
Pour rapprocher le port de la Place Masséna, je ne vois que …le Tramway ! Mais ce ne sera pas la ligne 2 qui rapprochera le berceau de la ville et son cœur, puisqu’elle ne partira pas du port !
NP : Dernière question à la réponse hypothétique : Et si jamais le Port de Nice se déplaçait au niveau de l’Aéroport?
FB : Il faut en parler avec les Laurentins et les Cagnois ! Les niçois seraient d’accord pour ne garder que l’activité touristique du port. Mais une nouvelle fois, c’est la question des collectivités compétentes qui se pose : est-ce l’Etat qui va décider de créer un grand nouveau port à l’aéroport ? Il y a aussi l’Opération d’Intérêt National de la Plaine du Var qui concerne cette partie du territoire, avec l’embouchure du Var. La révélation de ce projet de rénovation du port de Nice, sans qu’il y ait d’avancée tangible sur le devenir de l’activité économique du port n’est pas correcte.
NP : Christian Estrosi a dévoilé son projet pour le Port de Nice. Globalement
qu’avez vous pensé de celui-ci?
Jean-Christophe Picard (Président du PRG06) : Écoutez, je ne comprends pas comment Christian Estrosi travaille ! Il fait une
conférence de presse pour annoncer un projet de réaménagement du port de Nice.
qui ne sera soumis au conseil municipal que le lendemain ! À quoi servent les
conseillers municipaux si tout est décidé et ficelé d’avance ?
En outre, le maire lance cette opération sans attendre le résultat de l’étude de
faisabilité sur le transfert des activités commerciales du port (transport de
passagers et fret) vers un autre site envisagé près de l’aéroport. Or, si cette
option était retenue, cela changerait tout ! Les besoins en terme de
stationnement, notamment, ne seraient plus du tout les mêmes.
NP : Pour vous, sans rentrer dans les détails, quel aurait-été le projet idéal pour
faire de ce quartier un centre de vie?
JCP : Pendant la campagne électorale des municipales, nous avions fait – avec nos amis
du MoDem et du MEI – des propositions pour accroître l’attractivité touristique
du bassin Lympia : création d’un quai d’accueil pour les vieux gréements,
prolongement des pistes cyclables, organisation d’animations pour les enfants.
On le voit, le projet annoncé par le maire contient des perspectives qui vont
dans le sens de ce que nous préconisions : suppression du stationnement en
surface, embellissement des esplanades, prolongement de la piste cyclable.
Mais, encore une fois, le réaménagement du port doit être conditionné par sa
fonction future : port de commerce ou port de plaisance ? Ce choix ne pourra
être tranché que lorsque l’étude de faisabilité, actuellement en cours, sera
terminée.
NP : Existe-t-il une solution miracle pour rapprocher le Port de Nice à la Vieille
Ville et à la Place Masséna?
JCP : La liaison pourrait se faire par la ligne 2 du tramway et par des navettes
maritimes.
NP : Dernière question à la réponse hypothétique : Et si jamais le Port de Nice se
déplaçait au niveau de l’Aéroport?
JCP : Dans ce cas de figure, ce seraient uniquement les activités commerciales qui
seraient transférées du bassin Lympia vers ce nouveau site, à l’horizon 2015.
Il serait alors logique que l’actuel port – qui deviendrait exclusivement un
port de plaisance – continue d’être géré par le conseil général tandis que le
futur port – qui serait purement un port de commerce – soit administré par le
conseil régional car c’est ce dernier qui a en charge le développement
économique.
Il serait également judicieux de renforcer la liaison entre les deux ports,
grâce notamment au renforcement du réseau de bus, à la création de la ligne 2 du
tramway et à la mise en place de navettes maritimes.
Réactions de Patrick Allemand recueillies sur son blog :
La charrue avant les boeufs
C’est exactement ce que je pense de la délibération 11.1 de l’ordre du jour qui concernait l’ouverture d’une concertation publique sur le projet du Port de Nice.
On ne peut être contre le lancement d’une concertation publique sur le principe.
Mais ce dossier amène de nombreuses observations, non pas sur la délibération, mais sur son annexe, et surtout sur ce qui n’est pas dit dans l’annexe.
L’annexe évoque:
- la suppression du stationnement de surface sans diminuer l’offre de stationnement, en créant deux parkings enterrés.
-la création d’espaces publics majeurs
-la poursuite de la piste cyclable littorale
-le réaménagement des places Guynemer, Ile de Beauté et du Boulevard Franck Pilatte
Tout cela on ne peut être que pour, mais il faut approfondir la question des projets de parking.
On évoque 300 places sous le Quai Infernet, ce qui sous entend environ 700 pour le second sous le Quai des Douanes. Que fait on des études sur les parkings prévus sous la Place Ile de Beauté, ou envisagé sous la colline du Château?
Et puis il y a ce qui n’est pas dans l’annexe et que l’on découvre sur le quotidien ce matin. C’est le projet du cabinet STOA, séduisant sur le papier, mais en contradiction totale avec certaines décisions que que Christian Estrosi vient de prendre.
C’est très inquiétant, parce que l’aménagement urbain, ce n’est pas du cas par cas pour satisfaire tel ou tel groupe de riverains. faire de l’aménagement urbain c’est avoir une cohérence globale. Or C. Estrosi a décidé d’élargir les voies de circulation à deux voies Place Garibaldi. Or C. Estrosi a décidé d’abandonner l’idée d’une ligne 2 Est-Ouest partant du Port.
Il s’agit de deux décisions favorables à l’automobile.
Et le cabinet STOA propose un réaménagement de la Place Ile de Beauté qui aboutit à élargir les trottoirs devant Notre Dame du Port.
C’est contradictoire avec les deux décisions précédentes. On crée un étranglement.
Il faut imaginer les conséquences que cela va avoir pour les riveraines du boulevard Stalingrad, du boulevard Carnot et de l’avenue Maeterlinck, surtout l’été et aux heures de pointe. Il faut faire très attention. Dans circulation automobile, il y a circulation et l’automobile c’est comme l’eau, quand ça bouchonne quelque part, elle passe ailleurs. De nombreux riverains du 12eme canton pourraient être victimes d’une telle décision qui peut avoir des répercussions sur d’autres secteurs, notamment le boulevard des Deux Corniches, le Boulevard du Mont Boron, la Corniche André de Joly.
Enfin, plus grave se pose une question de calendrier.
Parce que tout est subordonné à une question majeure. Où en est on de l’étude de la faisabilité du Port au large de l’aéroport? Là dessus c’est le silence radio total.
Non seulement parce qu’il y a une question financière lourde. Un nouveau port c’est environ 800 millions d’euros. Si on rajoute les 180 millions d’euros annoncés ce matin, ça fait près d’un milliards d’euros! Où allons nous les trouver?
Mais c’est surtout l’hypothèse où l’on ne pourrait faire ce port au large de l’aéroport qu’il faut intégrer dans le raisonnement.
Avant de prendre toute décision, il faut savoir si le nouveau port peut se faire ou si les activités commerciales et portuaires demeureront au bassin Lympia. S’il s’avérait qu’il est impossible de transférer les activités de commerce au large de l’aéroport, le type de choix qui sera fait, les aménagements correspondants pourraient s’avérer totalement inadaptés.
C’est donc un dossier dont le moins que l’on puisse dire est qu’il est mal maitrisé.
Enfin cela soulève une grand inquiétude chez les professionnels du port de Nice qui pourraient se retrouver dans l’hypothèse où le port de commerce peut se faire au large de l’aéroport, à devoir poursuivre leurs activités pendant 5 à 8 ans sur le site Lympia avec un port dont les infrastructures seront tournées vers la plaisance. »
Le groupe « Changer d’ère » s’est abstenu sur ce dossier.