L’auteur franco-britannique est le lauréat de la dixième édition du prix littéraire maralpin. Son roman d’apprentissage « Fuir l’Eden« a été publié en 2022, aux éditions Finitude.
« Je ne me sens pas très légitime parce que je suis Niçois seulement depuis 18 mois », débute Olivier Dorchamps. L’ex-Londonien, parti à cause du Brexit, décroche le Prix Livre Azur, ce 23 juin, dans une salle bondée du Palais des Sardes à Nice. La récompense est le fruit d’une politique départementale de lecture publique. Ainsi, ce prix s’inscrit dans cette « ambition culturelle » menée « avec humilité et détermination ». Créé en 2014, il a pour but de promouvoir la lecture à travers la littérature locale autour de valeurs de « partage » .
C’est pourquoi, la sélection comprend des écrivains originaires des Alpes-Maritimes ou l’ayant choisi comme lieu de vie et des romans dont le cadre est le territoire maralpin. Le parrain de l’édition, Joël Boqué a lui-même été lauréat, en 2018, avec son ouvrage La Fonte des glaces.
Promouvoir la lecture pour former « des gens qui vont penser »
« Ce qui nous réunit aujourd’hui, c’est la lecture qui nous élève, qui nous guide, qui peut changer la vie avec la rencontre d’une œuvre, d’un écrivain », clame Éric Ciotti, député et président de la Commission des finances du Département des Alpes-Maritimes. Le représentant de Charles Ange Ginésy insiste sur l’importance « cruciale » d’un tel événement dans un contexte où « la lecture se perd » et « le système scolaire s’effondre ».
« Je trouve qu’on est dans un monde très utilitariste où on forme des consommateurs, des gens qui vont produire. Or, la lecture nous permet de former des gens qui vont penser, réfléchir« , partage l’auteur insistant également sur l’imagination que force la lecture.
Un conte social aux personnages attachants, la recette gagnante
Son roman Fuir l’Eden a su convaincre « un jury totalement populaire ». C’était une volonté du Département d’aller à l’encontre « d’un entre-soi très parisien » qui est souvent la norme dans l’attribution des grands prix littéraires. 117 jurés de 12 comités de lecture divers à travers le département de La Turbie jusqu’à Saint-Martin-Vésubie en passant par Nice ont à l’issue de débat, procédé à un vote.
Paru en 2022, il était en lice avec trois autres romans : Les Enfants endormis de Anthony Passeron aux éditions Globe, Le parti d’Edgar Winger de Patrice Jean et Antipolis de Nina Leger aux éditions Gallimard. Fuir l’Eden a su tirer son épingle du jeu, grâce à « la vie du récit », « ses personnages tendres et attachants« . Les lecteurs ont apprécié le genre du conte social/roman d’apprentissage et ont souligné sa « structure narrative efficace ».
Fuir l’Eden se veut être un roman lumineux, « plein d’espoir » qui aborde les thèmes de l’adolescence, de l’amour, de l’immigration, de l’urbanisme dans un Londres cosmopolite aux fortes inégalités sociales. La Tour Trellick, en image de couverture, rebaptisée l’Eden dans le roman est un bâtiment issu du mouvement architecturale du brutalisme. Très populaire dans les années 50-70, le courant est utilisée dans la reconstruction de l’Angleterre d’après-guerre, ravagée par les bombes nazies. Le bâtiment à la gloire du béton étouffe ses habitants par son caractère imposant. Adam y vit et rêve de s’enfuir.
« Adam, 17 ans, vit en banlieue londonienne dans une tour appelée l’Eden, où, depuis le départ de sa mère, il tente de protéger sa soeur d’un père brutal. Un jour, il sauve une fille prête à se jeter sous un train. Troublée, elle s’enfuit. Bouleversé par cette rencontre, Adam souhaite la revoir. Aidé de Pawel et Ben, il est prêt à tout pour la retrouver. »