Aujourd’hui, c’est décidé, je vais à « La chasse aux papillons » comme le chanter Georges Brassens. Armée de mon filet spécial, direction le champ de paquerettes éclairé par le soleil qui orne seul dans ce ciel bleu de la Côte d’Azur, tant envié par les gens du nord.
Le silence est roi dans ce petit paradis mais aucun lépidoptère en vue. Mais où est donc le Solitaire ? le Flambé ? la Fiancée ? la Coquette ? Je cherche en vain l’insecte parfait dans ce tapis blanc. Rien. Pas ou plus d’insecte ailé. Mais où sont-ils ? Auraient-ils immigré en un autre lieu ? Elucidons ce mystère !
Les papillons sont apparus avec les premières plantes à fleurs, il y a 150 à 200 millions d’années. Ils volaient dans les forêts de fougères préhistoriques.
Dans la Grèce antique, insufflés par Athéna, ils battaient leurs ailes pour animer les corps humains façonné par Prométhée. La métamorphose de la chenille en papillon est symbole qui est repris dans toutes les mythologies. Comme le papillon qui émerge de sa chrysalide, l’âme humaine est appelée à renaître des épreuves pour s’éveiller à la sagesse.
En Chine, il existe une pièce de théâtre très célèbre intitulée « Les amants papillons » qui raconte l’histoire d’une jeune fille, Zhu Yingtai. « Elle était intelligente et voulait étudier mais, dans la Chine ancienne, les filles ne pouvaient pas faire d’études. Elle se déguisa donc en garçon. En classe, elle tomba amoureuse d’un jeune homme, Liang Shangbo, étudiant brillant mais pauvre.
Malheureusement, elle était déjà promise en mariage à un autre jeune homme, riche et stupide. Un jour, elle avoua à Liang Shangbo qu’elle était une fille et qu’elle l’aimait. Liang l’aimait aussi, mais il tomba malade de ne pouvoir l’épouser et mourut. Désespérée, Zhu Yingtai se suicida pour rejoindre son bien-aimé. Alors, tous deux se transformèrent en paillons et purent ainsi vivre librement leur amour.»
Grèce, Chine – Assez voyagé, retournons en France ! Et orientons nos recherches vers le cinéma. Pourquoi ? Car le papillon a lui aussi eu un rôle sur la toile. Rappelez vous ce merveilleux film avec Michel Serrault interprétant un grand collectionneur de psyché (papillon en grec ancien). Dans « Le papillon », il se lançait à la recherche de l’Isabella, papillon de nuit dont la beauté n’a d’égale que la rareté.
En parlant de papillon de nuit, savez-vous que cet insecte ailé s’est aussi mis à la chanson. Si, si, je vous assure. Mais non, je ne suis pas stupide, je sais bien que le papillon ne peux ni parler ni chanter. C’est Myriam, la dernière gagnante de la Nouvelle Star, qui lui prête sa voix dans son premier album qui sortira le 7 novembre prochain. Ah ! Je vois, vous ne savez pas qui est Myriam, vous n’êtes pas « in », comme on dit maintenant. Par contre, si je vous dis que « Le papillon » a aussi eu comme voix, la voix unique de Céline Dion, vous penserez sûrement : à un insecte parfait normal de lui attribuer une voix parfaite.
Acteur, chanteur. Et toujours pas de papillons palpables. Revenons à Nice, vous savez cette ville qui a des tranchées dans ses rues ! Aujourd’hui, j’ai pris une journée de RTT pour faire du lèche-vitrine sur l’avenue Jean Médecin (enfin sur ce qu’il en reste). Que vois-je sur les mannequins des grands magasins ? Des PAPILLONS. Des papillons imprimés sur les vestes, sur les T-shirts, sur les pantalons, sur les chaussettes, des papillons sous forme de porte clé, de broche, des papillons dessinés sur du matériel scolaire, sur de la vaisselle, du papier peint … Des papillons de partout. Enfin je les ai trouvé. L’insecte le plus accompli de la création a fait comme un bon nombre d’hommes, il est devenu un citadin.
Mais en ville, la créature pleine de grâce ne battra plus ses ailes chatoyantes de fleur en fleur. Certes ses couleurs possèdent encore autant de richesse et de beauté mais elle est devenue statique. C’est triste, il ne respire plus la vie. Brrrrr !! Cette pensée me donne des frissons. J’ai froid. J’ai mis mes écharpes et mes gants. C’est l’hiver. C’est l’hiver ? Eureka ! Le papillon qui boit le nectar au cœur de la fleur tel un amant qui recueille un baiser sur les lèvres de l’être aimé, « naît avec le printemps et meurt avec les roses » comme l’a écrit Alphonse Lamartine. Je suis rassurée, ce ne fut qu’un mauvais rêve ou plutôt qu’une erreur de saison. Il fait si beau sur la French Riviera que c’est le printemps tous les jours !
Audrey Bollaro