Des mots, des gestes, un rien discriminent. Dans leur vie de tous les jours, les personnes en situation de handicap sont victimes de discrimination. Le handicap est une des principales causes de discrimination en France. « C’est tout le temps, dans la rue, au supermarché », explique Chantal, 60 ans, sur un fauteuil roulant depuis 20 ans. Le paroxysme de cette discrimination, elle l’a connue alors qu’elle attendait aux caisses de Carrefour TNL. On lui passe devant. Elle s’en insurge. Résultat, elle subit des crachats. Chronique extraordinaire d’une discrimination ordinaire. Chantal, très active dans l’Association des Paralysés de France, est ici sur le parvis de la Fac de Lettres avec son mari pour discuter avec les jeunes étudiants. Elle les amène vers les cibles préparées pour l’occasion. Le but est de lancer la balle en plein centre et le 0% de discrimination. « Il faudrait sensibiliser les enfants dès la Maternelle. Des paroles discriminatoires blessent et peuvent démotiver des enfants handicapés à poursuivre les études. Il en faut davantage dans les Universités car ils sont aussi intelligents » espère Chantal.
Sur les cercles concentriques de la cible sont inscrites les expressions discriminatoires typiques allant du 100% discriminations au 0% :
– 100% : «Vous n’avez rien à faire dans la rue ! » et « Pas rentables, incurables : les handicapés sont un poids pour la société ».
– 75% : « Vous vous rendez compte de l’image que vous renvoyez au client ? » et « Ils prennent vraiment trop de place avec leur fauteuil ! »
– 50% : « C’est vous le fauteuil qu’il faut aider ? » et « C’est courageux d’être en couple avec une personne handicapée ! »
– 25% : « C’est vrai, vous faites vraiment l’amour ? » et « Les handicapés, en général, sont des gens adorables ! ».
On a tous entendu ou utilisé ces énoncés précités surtout ceux à 25%. C’est pourquoi il faut sensibiliser et surtout à la fac, « La France de Demain » formule Denis Taccini, délégué départemental de l’APF et il prend des exemples « Des crédits sont refusés. Il existe une importante discrimination à l’embauche où lorsqu’il y a plusieurs candidatures comme par hasard la personne handicapée est recalée. Dans une église locale, récemment, une personne en fauteuil roulant cherchait une place. Le prêtre a alors déclaré : « pousser ça là ! ». C’est très blessant. » Au quotidien, des paroles viennent poignarder des gens qui se battent. « Des plaintes sont déposées mais pas suffisamment souvent par fatalité », regrette Denis Taccini. La délégation départementale APF des Alpes-Maritimes, après un combat de plus de 10 ans, a obtenu la semaine dernière la mise en place d’un ascenseur au Bureau de Poste Garibaldi. Les luttes du moment concernent les transports en commun et l’accessibilité aux logements sociaux. Espérons que le combat ne dure pas dix ans…