« La maison brûle ». Avec son sens de la formule, Jacques Chirac avait marqué les esprits en 2002 à l’occasion du Sommet de la terre de Johannesburg pour qualifier la situation alarmante de notre planète. Il avait ajouté : « nous regardons ailleurs ». Près de vingt plus tard, le constat reste rigoureusement identique, en pire même…
Selon le think tank américano-belgo-suisse Global Footprint Network, la France aurait déjà dépensé le 5 mai, en raison de son mode de vie, les ressources qui mettent en principe un an à se renouveler. Elle se trouve dans le groupe de tête des pays les plus dépensiers en matière d’énergie et les plus gros producteurs de pollutions diverses.
Bien sûr, ce genre de calcul est éminemment discutable. Bien sûr, l’idéologie – politique ou écologique au choix – qui se trouve derrière ce think tank a pour objectif de créer un buzz avec une annonce alarmante mais crédible. On commettrait une erreur en écartant d’un revers de main son principal enseignement : la croissance sans fin, avec comme corollaire une consommation effrénée, nous conduisent directement dans le mur.
L’heure n’est déjà plus à celle des bourrasques dans les tasses de thé pour savoir qui, des climato-sceptiques – encore une espèce en voie de disparition ! – comme le professeur et ancien ministre Claude Allègre, ou des experts du GIEC avaient tort ou raison. Le « martyre » imposé par les hommes à la nature est là, patent, sous nos yeux : les tempêtes Katrina et Cynthia, l’effondrement des populations d’insectes et donc d’oiseaux, la présence universelle de pesticides dans l’air, l’eau, les aliments, les masses de plastique dans les océans… Si l’on est à peu près tous en phase sur le constat alarmant – sauf Donald Trump bien sûr – il n’y a en revanche aucun consensus pour se pencher sur le chevet de la terre malade.
De temps à autre, des Diafoirus signent bien, en grande pompe, des accords sous des plafonds dorés, mais les pays cessent de les appliquer à la première quinte de toux de l’économie.
La France seule ne réglera pas la crise écologique planétaire, mais elle ne peut pas se contenter de beaux discours. Il y a des choses possibles à faire, ici et maintenant : une vraie transition énergétique avec la construction de logements BBC et l’isolation de l’habitat ancien, une politique de transports ambitieuse, une valorisation des énergies douces…
Car il est tout de même paradoxal que dans notre Sud-Est baigné de soleil et balayé par le vent nous soyons si en retard sur le solaire et l’éolien (un gros mot pour certains). La complexité réglementaire fait que nous sommes à la traîne sur ces sujets en Europe, loin du peloton de tête des pays les plus « vertueux ».
par Jean-Michel Chevalier, Les Petites Affiches