Ah, le charme discret des élections sénatoriales, qui se traduisent parfois par des coups tordus dont notre République a le secret… Pour ce scrutin, il arrive assez fréquemment qu’un candidat pourtant assuré d’une large majorité dans sa circonscription soit coiffé au poteau par un outsider… Résultat d’un discret mais efficace coup de pied de l’âne traduisant une « jacquerie », un règlement de compte politique. Les exemples sont légion, dans notre département aussi…
Alors que les grands électeurs vont propulser les candidats vers le Palais du Luxembourg, ce dernier scrutin de 2017 se présente sous une forme très particulière. C’est la conséquence logique des récentes législatives, qui ont envoyé 313 députés LREM sur les 577 députés à l’Assemblée.
On n’assistera donc pas cette fois à une bagarre entre la droite et la gauche, les deux formations étant atomisées après leurs défaites du printemps. Non, ce sera plutôt petits meurtres entre « amis », un scénario qui devrait permettre à des personnalités indépendantes, pas forcément encartées mais bien implantées dans leur circonscription, de créer la surprise.
Il se trouvera donc forcément parmi les élus quelques candidats inattendus parmi les 171 postes à pouvoir, qui représentent la moitié des sièges de la Haute Assemblée…
Le nouvel exécutif trouvera t-il assez d’alliés à l’issue du vote ? Pas sûr, seuls 29 sénateurs ont rejoint la République en Marche. Si quelques sondages affirment qu’une dizaine de sénateurs pro-Macron pourraient venir s’ajouter à cette petite troupe, cela ne fera pas un gros bataillon.
D’autant que les sénateurs en place n’ont pas goûté la proposition de suppression de la réserve parlementaire (150 millions d’euros). Ils utilisent ce pactole en soutenant tel ou tel projet communal, ce qui permet de bénéficier du soutien d’un maire qui est lui aussi grand électeur.
Difficile dans ces conditions d’obtenir les 3/5èmes au Parlement, qui permettraient au gouvernement de mener « tranquillement » les réformes institutionnelles annoncées.
Les nouveaux grands électeurs qui supportent le gouvernement font souvent leurs premiers pas en politique. Ces représentants de la société civile ne disposent donc pas du soutien des « anciens », dont ils n’ont rien à attendre, sinon à espérer que ceux-ci auront eux aussi envie de sortir les sortants.
Jean-Michel Chevalier, Les Petites Affiches