Les pays de l’OCDE sont confrontés à une crise des réfugiés sans précédent, qui implique une action internationale concertée et de grande ampleur pour répondre aux besoins immédiats des demandeurs d’asile et, à plus long terme, faciliter leur intégration.
Tel est le message principal de deux nouveaux documents publiés par l’OCDE, les Perspectives des migrations internationales 2015 et une Synthèse sur la crise des réfugiés.
À l’occasion du lancement de ces deux rapports à Paris, Angel Gurría, Secrétaire général de l’OCDE, a déclaré : « Les décideurs européens doivent prendre les mesures nécessaires pour relever ce défi, afin que l’Europe dans son ensemble sorte plus forte de cette crise, tant sur le plan économique que social et politique. L’Europe a l’expérience et les capacités nécessaires pour y parvenir ».
FRONTEX, l’agence européenne de surveillance des frontières, estime qu’à la fin du mois d’août, plus de 500 000 personnes avaient traversé illégalement les frontières, soit près du double par rapport aux 280 000 enregistrées sur l’ensemble de l’année 2014.
En 2015, l’Europe devrait probablement comptabiliser plus d’un million de demandes d’asile. Jusqu’à 450 000 pourraient aboutir à un statut de migrant humanitaire, permettant une installation en Europe.
« Le coût humain de cette crise des réfugiés est terrifiant ; il est essentiel que les pays trouvent rapidement une façon équitable de répartir les réfugiés en Europe, et qu’ils veillent à ce que toutes ces personnes en difficulté, aussi nombreuses soient-elles, aient de quoi se loger, se nourrir et subsister. Les pouvoirs publics devront aussi prendre les mesures qui s’imposent à moyen et long terme pour remédier à cette crise », explique M. Gurría. « Un autre enjeu se fait jour : l’intégration des nombreux réfugiés qui s’installeront dans les pays d’accueil européens. Il faut développer et adapter les programmes afin de faire en sorte que les réfugiés puissent s’intégrer le plus vite possible dans leur nouveau pays et tirer le meilleur parti de leurs compétences. Nous devons tous garder à l’esprit que loin d’être un fardeau, l’immigration est un véritable atout ».
D’après l’OCDE, à court terme, la prise en charge et l’accompagnement d’un nombre aussi élevé de demandeurs d’asile auront un coût et poseront des difficultés majeures. À moyen et à long terme, beaucoup dépendra de la réussite de l’intégration des réfugiés. Il faudra pour cela intensifier nos efforts afin de leur offrir des formations linguistiques, d’évaluer leurs compétences individuelles, de les soigner et de trouver des solutions à leurs difficultés sociales, mais aussi collaborer avec les employeurs et les syndicats pour essayer d’améliorer leurs perspectives d’emploi. L’expérience passée des crises de réfugiés montre que si l’aide à l’intégration est appropriée, les immigrés peuvent contribuer amplement au développement de nos pays.
Les Perspectives des migrations internationales soulignent en outre que l’immigration en Europe et dans l’OCDE emprunte encore en grande partie des voies légales, en dehors du système d’asile. Pour 2014, le rapport estime à près de 4.3 millions le nombre d’entrées permanentes dans les pays de l’OCDE, soit 6 % de plus qu’en 2013 (moins d’un quart relève de la libre circulation au sein de l’UE). Si les migrations humanitaires ont enregistré la plus forte hausse ces dernières années, en termes absolus les flux au titre de la libre circulation au sein de l’UE ont beaucoup plus augmenté. La libre circulation reste également la catégorie d’entrée la plus importante après le regroupement familial.
Non seulement les migrations se sont intensifiées, mais le rapport observe aussi des signes positifs eu égard à la situation plus favorable des immigrés sur le marché du travail. Dans l’ensemble, le taux d’emploi des immigrés dans l’OCDE a augmenté de 1.3 point de pourcentage entre 2011 et 2014.
Les Perspectives des migrations internationales s’intéressent en outre plus particulièrement aux professionnels de la santé. En 2014, près de 2.7 millions de médecins dans l’OCDE s’étaient formés à l’étranger ; ils représentaient plus d’un médecin sur quatre au Royaume-Uni et aux États-Unis et plus d’un sur trois voire davantage en Irlande, en Israël, en Norvège et en Nouvelle-Zélande. Un tiers des médecins originaires de pays à faible revenu est expatrié dans un pays de l’OCDE.