Comment expliquer que l’Union européenne n’ait pas été capable de définir une politique commune de l’immigration et de l’asile ?
Pourquoi a-t-elle provoqué une onde de choc politique, dont on commence à ressentir les premiers effets avec le Brexit, le durcissement de pays réputés accueillants, comme le Danemark et les Pays-Bas, la composition d’un gouvernement euro-sceptique et xénophobe en Italie, après l’Autriche, la Hongrie, la Pologne et la Tchéquie ?
Alors que la crise financière de 2008 a donné lieu à une série de mesures d’urgence qui ont renforcé la résilience de la zone euro, on dirait que les leçons de la crise migratoire de 2015-2016 n’ont pas été méditées.
En effet, tandis que la crise financière a été efficacement combattue en commun, sous l’égide la BCE, la crise migratoire s’est traduite par une renationalisation de fait des politiques migratoires, qui est une absurdité.
Des défis tels que ceux qui nous attendent pour des raisons d’explosion démographique en Afrique sub-saharienne et de vieillissement de la population européenne ne peuvent trouver de réponses qu’à l’échelle de l’Europe entière.
Mais la politique d’attribution de quotas de réfugiés, tentés par la Commission, a été un échec. De nombreux pays, dont la France, ont fait preuve de réticence.
La Turquie, un pays de 80 millions d’habitants, a accepté 3 millions 700 000 réfugiés de Syrie. Et 30 % de la population libanaise est composée de réfugiés.
C’est que l’Europe se remettait à peine de la crise financière et qu’elle a vu arriver des millions de personnes dont l’installation, l’entretien, la formation va peser au moins durant quelques années, sur les budgets sociaux.
En particulier, les populations les plus pauvres ont vite ressenti que les réfugiés bénéficiaient d’un accès privilégié aux aides et avantages sociaux, tandis qu’elles-même étaient perdantes. En outre, l’inquiétude publique s’est aggravée lorsqu’on a commencé à associer ces entrées massives avec le terrorisme islamiste et _la hausse de la criminalité.
L’immigration est un sujet très émotionnel qui polarise les sociétés. Lorsqu’on touche au sentiment d’identité des groupes et des nations, on mobilise la solidarité chez certaines personnes, mais on suscite la peur et la haine chez d’autres.