Rappelons tout d’abord que suite à un appel d’offre de marché public, la société d’urbanisme Es Pace Urbanisme et Architecture basée à Nice est missionnée depuis le 4 octobre 2014 par l’APIJ (Agence publique pour l’immobilier de la justice) afin d’identifier les sites adaptés à la construction d’un nouvel établissement pénitentiaire.
Les critères sont multiples : un terrain plat de 10 à 15 hectares, dans une zone à faible densité d’habitations, de préférence en zone agricole, à proximité de grandes voies de circulation et à moins de trente minutes du TGI de Nice.
Comme le dit si bien Philippe Hiller, président de l’association Clé des Champs qui s’oppose au projet de rénovation in situ de la prison : « l’implantation d’un nouvel établissement pénitentiaire au sein même de la métropole Nice Côte d’Azur fait également partie des directives fixées par l’état dans le cadre de l’élaboration du futur PLU métropolitain prévu pour début 2019. En effet comme le prévoit la loi, le Préfet des Alpes Maritimes a adressé au Président de la métropole en date du 3 juillet 2015 un document intitulé » le porter à la connaissance « . Ce document de 29 pages reprend un certain nombre de recommandations et d’informations utiles dont il convient de tenir compte pour l’élaboration du PLUM. Dans le titre VI – Informations utiles et la rubrique » Grands projets d’équipements et d’infrastructures « , on peut lire à la page 26 l’information suivante : » Vu la vétusté et le niveau de sécurité de l’établissement actuel, des études sont en cours afin de déterminer un site susceptible d’accueillir une nouvelle maison d’arrêt « .
Cette démarche s’inscrit donc bien dans un cadre métropolitain et le Président de la Métropole en a forcément connaissance. Toutefois, l’histoire, si elle a commencé il y a fort longtemps , est bien loin d’être finie.
Ce vendredi au Conseil Métropolitain , le président Christian Estrosi s’est clairement positionné contre le garde des Sceaux Jean-Jacques Urvoas.
L’objet de cette sortie ? « Le gouvernement a demandé à la Métropole de réserver un emplacement de 10 hectares sur le PLU pour un établissement pénitentiaire » dont la construction et la gestion relève pourtant de l’Etat.
Pour Christian Estrosi , les choses sont claires: « Nous n’avons pas à accepter une injonction dans un domaine de compétence qui n’est pas le nôtre ». Il juge cette demande telle « une atteinte de l’Etat à la gestion des collectivités territoriales ».
Pourquoi ? « L’Etat est propriétaire de 450 hectares sur le territoire de Nice. Qu’il nous fasse des propositions sur ces terrains-là, et nous verrons ensuite s’il y a besoin d’adapter notre PLU ».
Derrière les grands principes, il y a les intérêts, puisque la piste du quartier des Iscles, à Saint-Laurent-du-Var, semble pourtant avoir la préférence du Ministère, le président de la Métropole est contre puisqu’il veut poursuivre d’autres objectifs sur cette même zone ».
Pour en revenir fatalement au cœur du problème : si lui veut rénover l’établissement pénitentiaire de Nice, pourquoi le Ministre de la Justice veut faire différemment ? C’est bien le ministère qui paie la construction et en assure la gestion, non ?
La traditionnelle exception niçoise…