Dix ans après le drame qui a coûté la vie à deux jeunes dans une banlieue de Paris et déclenché trois semaines d’émeutes dans le pays, la justice française a acquitté lundi deux policiers poursuivis pour non-assistance à personne en danger, après la mort en octobre 2005 de Bouna Traoré, 15 ans, et Zyed Benna, 17 ans, par électrocution à l’issue d’une course-poursuite avec la police.
Le décès des deux adolescents avait déclenché les émeutes les plus graves de l’histoire des banlieues en France, face auxquelles le gouvernement de l’époque avait décrété l’état d’urgence.
Dans le registre qui lui est propre , Marion Marechal-Le Pen n’a pas tardé à s’exprimer sur les réseaux sociaux : «Ce verdict prouve que la racaille avait bien mis la banlieue à feu et à sang par plaisir et non à cause d’une bavure policière», pour y revenir après les nombreuses critiques qu’elle avait provoquées: «J’ai soulevé le cœur des vierges effarouchées de la République car j’ai traité les émeutiers de racaille. Le terme me semblait assez juste» a-t-elle même relancé.
Dans la compétition qui l’oppose à la candidate (…en réflexion) frontiste aux régionales PACA, Christian Estrosi ne pouvait pas se laisser déborder sur sa droite et interviewé à la télévision est parti en vrille, jugeant d’emblée que les deux adolescents, qui ont trouvé la mort dans un transformateur électrique alors qu’ils fuyaient la police, étaient des « délinquants ».
« Les familles n’ont qu’à éduquer leurs enfants et faire en sorte qu’ils ne soient pas des délinquants » a-t-il sermonné en se posant en défenseur de la vertu publique.*
En réalité les deux adolescents, étaient à pied lorsqu’ils fuyaient la police, alors qu’ils n’avaient commis aucune infraction.
En fait, c’est le candidat UMP qui était « en excès de vitesse » dans sa pensée: il s’est tout simplement trompé, en se référant à un autre cas.
La gaffe n’est pas passé sous silence et a été lourdement commentée.
On reprendra juste celle de Xavier Garcia, secrétaire fédéral du PS06 : « Si la décision de justice doit être respectée, ce n’est pas une raison pour raviver la douleur des familles en se livrant à une surenchère indécente avec Marion Maréchal-Le Pen sur cette affaire. A force de d’essayer de se doubler sur leur droite, ces deux-là vont transformer la campagne régionale en concours de dérapages verbaux ».
On sait que la campagne électorale se jouera entre les deux candidats favoris sans exclusion de coups bas et qu’il y aura une surenchère pour se positionner vers un électorat de sensibilité fascisante.
On est dans le tort si on se place dans l’attente des programmes des candidats plutôt que dans une séquence d’invectives réciproques ?
