Le rapport de la chambre Régionale des Comptes devait être présenté et discuté lors de la séance du Conseil Métropolitain de hier. Il était sous embargo mais… une « manina » (petite main en jargon) l’avait fait fuiter et on l’a retrouvé la veille sur un titre de presse locale. Suite à ça, le président du Conseil Métropolitain Christian Estrosi entreprendra une « action contre X pour divulgation du rapport, car il était strictement et juridiquement interdit de le diffuser avant sa présentation au conseil métropolitain. »
Évoqué lors du débat, ce cas reste confiné dans l’anonymat de rigueur. En le commentant le président du Conseil Métropolitain, qui a fait la chronologie de sa rédaction, a bien évité d’évoquer des noms, sauf que les regards de tous (virtuels comme la présence des élus, tous un visioconférences) se tournaient vers la même direction…
Finalement, en début d’après-midi, le rapport à été officiellement rendu public par la Chambre régionale des comptes (*voire synthèse en bas de l’article).
Il s’inscrit dans le cadre de deux enquêtes nationales menées par la Cour des comptes, relatives à la mise en place des métropoles et à la territorialisation de la politique du logement.
La présentation de ce rapport et les prises de parole qui ont suivi ont été l’occasion pour de vifs échanges entre Christian Estrosi et ses opposant, en particulier l’ancien radical converti à l’écologisme Jean-Christophe Picard, qui se veut dans la continuité de sont rôle de président d’Anticor pour se poser comme le Torquemada des collectivités niçoises (conseil municipal ou métropolitain).
Les oppositions se déchainent
En effet, si le président de la Métropole et le président délégué aux finances Philippe Pradal font une lecture élogieuse du rapport de la CRC, l’intervention de l’élu écologiste avait le ton d’une plaidoirie, en pointant de larges insuffisances et en laissant entrevoir quelques irrégularités.
Si le groupe écologiste a profité de cette circonstance pour attaquer à la baïonnette, l’autre groupe d’opposition, le Rassemblement National a tenu une position plus défilé et Jean Ripoll, qui est intervenu en son nom, s’est tenu sur des considérations plus techniques auxquelles Philippe Pradal a apporté ses réponses. Entre expert-comptables on se comprend… au moins dans le langage.
- Derrière ces expressions administratives, pour le journal en ligne Médiapart, Christian Estrosi, « contourne les règles de la fonction publique pour recruter au prix fort des personnalités utiles à sa carrière politique… qu’à la collectivité dans son ensemble. »
Sont ainsi pointés du doigt les recrutements de Franck Louvrier, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy et maire de La Baule (travaillant depuis Paris), de l’ancien préfet Jean-Michel Drevet et de l’ancien magistrat Marc Joando, dont les prestations professionnelles ne seraient suffisamment attestées et pourraient semer le doute quant à leur effectivité, surtout en rapport au montant des rémunérations avoisinant toutes les 5 000 euros brut, parfois pour des mi-temps.
De son côté Christian Estrosi a répondu à ces accusations de complaisance , voir de favoritisme : « Je ne m’excuserai pas, j’assume et je continuerai à assumer strictement de continuer à faire appel aux meilleurs. »
Quoi de plus pour alerter Philippe Vardon, chef de file du RN et ennemi juré encore plus que rival politique de Christian Estrosi?
En quittant les habits du populiste pour ceux du légitimiste, il a déclaré promptement son indignation : « Nous ne pouvons laisser de tels soupçons planer autour de notre collectivité et entacher ainsi gravement son image mais aussi son action. Dans une période de défiance envers les élus et les institutions, tous les doutes doivent être levés quant à ces emplois, et donc à l’utilisation de l’argent public. »
Déclaration suite à laquelle, il a sorti son stylet : « C’est pourquoi, j’ai écrit ce matin au Procureur de la République afin de lui demander d’ouvrir une enquête concernant ces trois emplois de vacataires et l’effectivité de leur mission. Au vu de certaines réponses (« des rapports confidentiels » étant évoqués en défense), il apparaît que seule une enquête judiciaire permettra de faire toute la lumière et dès lors d’infirmer ou confirmer les soupçons exprimés par Mediapart. »
Question: il y aura une suite ou tout s’arrêtera- là ?