La voix posée et parfois ironique, Sinclair est détendu lorsqu’il présente son nouvel album. Le français funky sort de cette étiquette et propose au public des chansons « plus sombres, moins attendues » d’après lui. Et c’est d’ailleurs le cas de cet album qui laisse son empreinte dans la carrière du chanteur. « Ça se passe très bien » assure t-il. Même si pour lui, l’album a été crée dans la douleur. Deux ans de réflexions, deux ans pour mûrir et deux mois d’écriture. Sa « constipation géante » offre finalement douze chansons plus rock. Le style change, car l’homme a changé, « j’ai essayé de gommer les stigmates de la musique noire ». Cette même musique qui le suit depuis ses débuts. Collins et Steevie wonder, ses références, son inspiration jusque là, sont délaissés pour aller vers un style musical pop-rock qui atteint parfois et selon ses propres mots, « le hors format ». Morphologique est donc un ensemble de styles, un ensemble de rythmes et d’arrangements laissés à la seule appréciation de ses musiciens. Car Sinclair n’est pas seul et après plus de dix années de carrière, il s’est entouré d’une équipe techniquement au point avec qui il a « un vrai échange ». Il avoue, lorsqu’on lui pose la question du choix de ses musiciens, que la complicité est un critère important lorsqu’il passe ses journées avec eux dans le même bus, nuit et jour. Le chanteur travaille à l’envie, avec les gens qu’il apprécie. Il ne sait pas mentir. C’est donc sans étonnement, que nous percevons dans son album sa peur du temps qui passe. Sinclair dort très peu et a l’impression que le temps passe trop vite. Sa pochette d’album, de Marc Maggiori, (chanteur métal de Pleymo – NDLR) bien différent de lui, exprime pourtant très justement ce bond vers l’avant que Sinclair a su concrétiser. Heureusement, à 37 ans il peut se rassurer. Ce papa, producteur et indépendant, a fondé son propre label « Ministrong » (après son procès avec son ancien major EMI, Sinclair a pu récupérer le droit sur ses bandes- NDLR). Le voilà désormais libre artistiquement et ne pense plus aux ventes indispensables pour rester chouchou des majors. Mathieu Blanc-Francard dit Sinclair, fait la musique qu’il aime avec des gens qu’il aime, dans un style qu’il aime. Quoi de mieux ? Promouvoir les artistes qu’il produit et qui passent en première partie de soirée comme Smooth, la révélation électro de l’année 2005, inclassable dans son style et son époque. A l’image peut-être du Sinclair d’aujourd’hui, toujours rebelle quand on lui parle de télé (même s’il avoue que les 7 millions des téléspectateurs de la ‘Star Ac’ ne lui font pas de mal, alors que les radios le boudent). C’est aussi ça l’indépendance. Sinclair ne réalisera peut-être plus d’album comme Morphologique, mais espère se consacrer principalement aux musiques de films, cet univers qu’il adore, où la musique parle d’elle-même et qui lui permet d’oublier son image. Oui, Sinclair a laissé tomber son égo et Morphologique lui correspond donc parfaitement.