Alors que le gouvernement vient de mettre en place un statut étudiant-entrepreneur pour la rentrée 2014, Benjamin Suchar, entrepreneur (fondateur de Yoopies.fr) et membre fondateur des Moineaux (mouvement dédié à la parole des jeunes entrepreneurs), salue l’avancée symbolique de cette mesure mais fait part de ses doutes quant à la réelle efficacité de cette mesure.
Il y a près d’un an, nous avions en tant que très jeunes entrepreneurs (les moineaux) souligné l’importance d’un dispositif spécifique pour la création d’entreprises en tant qu’étudiant. Nous nous étions félicités lors des assises de l’entrepreneuriat que cet appel ait été entendu par la Ministre des PME et de l’Economie Numérique et par le Président de la République.
Cependant, la création à la rentrée scolaire d’un nouveau statut d’ « étudiant entrepreneur », annoncé par la Ministre de l’Enseignement Supérieur, Geneviève Fioraso, laisse selon nous un sentiment d’inachevé Si nous saluons le premier pas symbolique que représentent ces mesures (pôles étudiants pour l’innovation, nouveau diplôme universitaire, prise en compte de l’entrepreneuriat dans les crédits ECTS), nous regrettons le manque d’avancées concrètes. Prêt Etudiant, « Visa Entrepreneur » et véritable prise en compte d’un statut spécifique : ces mesures qui avaient pourtant été annoncées lors des Assises de l’Entrepreneuriat sont absentes du statut.
Si le statut permet désormais aux étudiants-entrepreneurs de conserver leurs avantages sociaux trois ans après la fin de leurs études, et donc de légitimer une situation qui existait déjà de fait (beaucoup d’étudiants-entrepreneurs s’inscrivaient à l’université pour conserver leurs avantages, sans pour autant y suivre des cours), il ne répond pas à la problématique principale rencontrée par les entrepreneurs, à savoir le cumul des cotisations.
Le statut étudiant-entrepreneur ne remet en effet pas en cause l’obligation de cotiser à la fois pour la sécurité sociale étudiante et pour l’URSSAF, avec des cotisations pouvant aller jusqu’à 2 000 euros, sans même encore réaliser 1 euro de chiffre d’affaires. D’autre part, des dispositifs existants, comme l’ACCRE qui permet l’exonération des charges sociales pour le créateur pendant la première année ne sont pas intégrés au dispositif. Il y a donc un empilement de mesurettes plutôt qu’un vrai statut juridique.
Enfin, la question du refinancement du prêt étudiant est également essentielle. En effet, seuls les étudiants aisés peuvent prendre le risque de créer leur entreprise sans salaire pendant les premières années. L’annonce du doublement des prêts d’aide à la création d’entreprise est insuffisante. Les Moineaux proposent depuis longtemps d’ajouter une option « entrepreneuriat » au prêt étudiant, afin de prolonger le prêt aux mêmes conditions avantageuses, dans le but de financer la création d’entreprise.
Nous appelons ainsi de nos vœux le gouvernement à poursuivre ses efforts pour permettre l’émergence de mesures concrètes afin d’encourager l’entrepreneuriat chez les jeunes.
par Benjamin Suchar