En matière de volontarisme , on peut guère faire mieux!
Pour une fois, les organisations de gauche ( partis, mouvements, associations) ont retrouvé l’unité pour une cause commune: l’extension de la ligne 1 du tramway en direction de l’Ariane et de la Trinité.
Si on veut donner une signification sociologique à cette action , on peut facilement se référer aux travaux théoriques de l’universitaire américain Daniel Bell ( « La fin des idéologies-1960) qui préconisait une réorganisation sociale et politique qui passait des idéologies à ce qu’il définissait » one single groupe », à savoir l’adhésion transversale autour d’un but commun.
Face à la négation et aux motivations vaseuses de Christian Estrosi ( qui n’a jamais voulu prêter attention à un territoire qui l’intéresse peu ou point du point de vue électorale) , le collectif fait preuve de persévérance .
Aura-t-il l’oreille du Président de la Métropole ? Il n’y a pas raison d’être optimistes . Si le slogan de Christian Estrosi est bien » je dis ce que je fais, et je fais ce que je dis », ….il manque une troisième partie , » c’est moi qui dit ce qu’ on doit faire ».
Comme cette fois-ci ce n’est pas le cas…
Il reste l’espoir que le « dominus » local lise le rapport Borloo sur les banlieues qui préconise une implémentation des infrastructures pour désenclaver les quartiers défavorisés , ce qui est tout à fait les cas de l’Ariane et de la Vallée du Paillon ( il n’y a rien à inventer, c’est juste ce qu’on est en train de faire aux Moulins).
Donc, pour faire avancer leur projet, le collectif devra passer de la poésie à la prose parce que faire la démonstration que ses « arguments sont fallacieux » ne sert à rien parce que Christian Estrosi le sait très bien sans besoin de lui dire.
Par contre, vu que les municipales de 2020 approchent , lui rappeler que les citoyens de cette zone sont également des électeurs , pourrait se montrer plus efficace!
Depuis le début des années 2000, l’Ariane et la Trinité attendent le tram. Jacques Peyrat s’y était engagé vis-à-vis de l’Etat qui avait subventionné la ligne 1. Plusieurs débats avaient même été organisés pour choisir le tracé du tramway, validé par le conseil de quartier de 2004. Depuis, plus rien !
Lors de la dernière séance du conseil métropolitain du 5 avril 2018, Christian Estrosi a confirmé l’abandon définitif du projet d’extension de la ligne 1 du tramway, à partir d’une analyse basée sur la seule rentabilité au détriment de la qualité de vie des habitants et habitantes. Les arguments avancés par la mairie de Nice sont fallacieux. Cette décision est une faute politique majeure car elle ôte aux Arianencs et aux Trinitaires tout espoir de désenclavement.
1 – Les arguments fallacieux du maire de Nice
Un TER n’est pas un TRAM ! Le premier argument du maire de Nice est que le tramway n’est pas indispensable à l’Ariane car le TER y va déjà. Or le service rendu n’est pas comparable.
La fréquence des arrêts ? Un TER toutes les 20 minutes contre un tramway toutes les 4 minutes !
La distance entre les arrêts ? Tous les 1,5 kilomètre avec le TER contre un arrêt tous les 400 mètres avec le tramway !
Et le TER passe sur la rive gauche du Paillon alors que l’Ariane est sur la rive droite, là où pourrait passer le tramway.
Le second argument du maire de Nice est le ratio de population. Il faudrait desservir 12.000 habitant-e-s au kilomètre pour rentabiliser une extension du tramway. Il n’en compte que 5.000. Nous dénonçons cette logique comptable, axée sur la rentabilité de l’aménagement urbain. Si l’on suivait la logique de Christian Estrosi, aucune ligne de bus ni de train n’irait dans l’arrière-pays et la France rurale serait un désert.
Mais, même si l’on suit sa logique, on se rend compte que son calcul est faux : l’extension de la ligne 1 entre Pasteur et La Trinité est de 3,9 kilomètres. Cette ligne desservirait directement :
– Le centre hospitalier spécialisé de Sainte-Marie qui représente 1.139 emplois.
– Le secteur de l’Ariane : 12.000 habitants.
– La Trinité : 10.200 habitants.
– Mais, aussi indirectement par du transport multimodal (tramway + voiture ou bus) les communes des vallées du Paillon, soit a minima : Berre-les- Alpes (1.300 habitants), Blausasc (1.500 habitants), Cantaron (1.300 habitants), Châteauneuf (900 habitants), Contes (7.400 habitants), Drap (4.400 habitants), L’Escarène (2.500 habitants), Peillon (1.500 habitants), Saint-André-de-la- Roche (5.400 habitants), et Tourrette-Levens (4.900 habitants).
Ce sont 30.100 habitants supplémentaires qu’il faut rajouter, ce qui conduit à un ratio minimum de 13.360 habitants au kilomètre de ligne.
Les arguments avancés par Christian Estrosi ne tiennent donc pas !
2 – Une faute politique majeure
Dire aux Arianencs que le tramway n’ira pas jusqu’à eux et jusqu’à elles, c’est les exclure encore un peu plus. C’est leur dire : « Tout ce qui est beau et neuf dans la ville, tout ce qui est moderne et améliore la qualité de vie, ce n’est pas pour vous. »
Lutter contre les bouchons et les thromboses automobiles ? Oui, mais pas à l’Ariane ! Permettre aux jeunes et aux moins jeunes d’être mobiles pour trouver un emploi plus facilement ? Oui, mais pas à l’Ariane !
Permettre aux personnes âgées de se déplacer en ville pour leurs visites médicales, leurs courses, pour voir leur famille ? Oui, mais pas à l’Ariane !
Le Maire de Nice doit être le maire de tous les habitants, de toutes les habitantes et pas seulement de ceux et celles des beaux quartiers.
C’est très précisément dans les quartiers où le taux de chômage est le plus élevé, où l’accès à la santé et aux hautes études est le plus difficile, que le tramway est prioritaire.
Christian Estrosi ne cesse de parler de sécurité. Nous affirmons que désenclaver un quartier isolé par le tramway est un levier plus efficace que toutes les stratégies sécuritaires que le maire de Nice ne pourra inventer (Reporty, reconnaissance faciale, caméras de vidéosurveillance).
Nous affirmons que rien n’égalera un quartier ouvert, embelli, où les allers-retours du centre-ville et vice versa seront facilités. Un quartier où un transport public performant permettra le développement de l’économie locale, le renouvellement urbain et de nouveaux investissements.
Dire aux Trinitaires que le tramway n’ira pas jusqu’à eux et jusqu’à elles, c’est leur ôter tout espoir d’en finir avec ce nœud routier qui est devenu chaque matin un enfer.
La non-desserte de l’Ariane et de La Trinité par le tramway n’est rien d’autre qu’une politique volontaire de ségrégation urbaine. Nous refusons que l’Ariane soit coupée du reste de la ville. L’Ariane, c’est Nice, et le tramway doit aller à l’Ariane et à La Trinité !
Association Les Arianencs, EELV 06, Ensemble ! Nice, la LDH Nice, le MRAP, le MRC 06, Nice Au Cœur, le PCF Nice, le PS 06, Tous citoyens