Aller voir un film dont vous n’avez lu aucune critique, vu aucune bande-annonce et dont seul le titre sur l’affiche du cinéma vous en apprend l’existence est un pari risqué. Car, en effet, il s’agit d’un pari, une somme non négligeable de 8 euros misée uniquement sur une affiche et un casting. Ici, il s’agira de Matthew McConaughey, un jeune blondinet gonflé à la créatine que l’on aura peut-être remarqué dans des films tels que « playboy à saisir » ou encore « comment se faire larguer en 10 leçons ». Plus bas s’inscrit le nom de Rene Russo qui inspire déjà plus de confiance mais le « label rouge » de ce film est bel et bien Al Pacino.
Avec un tel maître du 7ème art au générique, je n'hésite donc pas une seconde à débourser la somme exorbitante que coûte aujourd'hui un ticket de cinéma. Il ne m'a pas fallu attendre le début du film pour être surpris. Alors qu'une file d'attente géante s'étale devant les guichets du cinéma, je me retrouve seul dans cette salle obscure. Je suis bientôt rejoint par quelques jeunes déçus de n'avoir pu acheter les dernières places pour aller voir "Pirates des Caraïbes 2". Nous sommes donc tous là par hasard. Aucun d'entre nous n'a, semble-t-il, entendu parler de ce film avant ce soir.
Après le quart d'heure habituel de publicités diverses et variées indispensables à la survie de consommateurs boulimiques tels que nous, le film commence. L'histoire débute donc par un résumé assez pathétique de la vie de celui qui deviendra le héros du film : un brave garçon qui, pour faire plaisir à son papa, s'adonnera à tous les sports qu'il aura l'occasion de pratiquer. Son père, ce salaud, l'abandonnera tout de même pour ses 10 ans, le laissant seul avec sa mère et son frère. Bref, un tableau ruisselant de bon sentiments, saupoudré d'"american dream" qui ne demande qu'à être repeint au rouleau. Justement... C'est à ce moment précis, où je repère déjà les sorties de secours de la salle de projection, que Brandon, notre brave gars, se casse la jambe et ne peut donc plus accéder à la carrière de rêve qui l'attendait dans le milieu magique de la dope et des stars du football américain.
L'élément perturbateur étant enfin arrivé, je me recale dans mon siège. Ne pouvant décidément pas rejouer à la balle, Brandon se lance dans le métier de pronostiqueur sportif et se rend compte qu'il est décidément très doué. Sur ce, il est engagé à New York par Al Pacino: le film commence.
S'ensuit la navrante épopée d'un pronostiqueur sportif avec tout ce que cela peut comporter d'irrésistiblement excitant. Finalement, ce film aurait parfaitement pu s'intituler "tout ce qui monte doit redescendre" car effectivement Brandon devient imbu de sa personne et trop sûr de lui, ce qui se ressent dans ses prédictions donc évidemment, morale oblige, il sera puni par où il avait pêché. Cette fable faisant l'apologie de l'argent facile et du capitalisme est bien sympathique ma foi. Le hic, c'est qu'elle dure 2h05 à environ 4 euros de l'heure. A la fin du film, je cherche des yeux le regard complice et entendu d'autres spectateurs dépités qui m'assureront de ma "normalité" en certifiant de leur ennui. Enfer: un sur deux dort déjà!
A moins donc d'avoir été accompagné au cinéma par le club de narcoleptiques de Nice, je ne suis pas le seul à avoir trouvé ce film long, voire soporifique. Restons objectifs toutefois, les fans de football américain, de grosses voitures américaines et de happy end de la même nationalité devraient y trouver leur compte. Ce "très" long métrage s'inscrit parfaitement dans la lignée de "l'enfer du dimanche" ou encore de "Jerry Maguire". Pour conclure, j'ajouterai simplement une citation de Kafka à laquelle j'ai longuement réfléchi durant ce film: <strong>"L'éternité c'est long, surtout vers la fin."</strong>