« Je lui dirai les mots bleus ceux qui rendent les gens heureux.». Quelques notes malhabilement enchaînées sur une guitare mal habillée mais on reconnaît les accords de chanson de Christophe. Le guitariste, infortuné artiste, assis innocemment sur un banc de la Promenade des Anglais, face au Palais de la Méditerranée et dos à la mer, s’associe au doux soleil de fin d’automne, pas encore mort, pour égayer la balade et en ballades les pas de tous ceux qui désiraient profiter simplement du temps de ce mercredi de décembre.
Dans son « jardin d’hiver » Henri Salvador « voulait du soleil vert, des dentelles et des théières, Des photos de bord de mer ». A Nice, ce mercredi de presque hiver, il aurait eu des bateaux naviguant près du rivage, des sapins nus de tout apparat prêts à être acheter, des amoureux se bécotant sur les bans de galets tendrement avec des caresses et des baisers pour se réchauffer, des mots, et des regards pour s’aimer. Au couchant de l’astre, il est agréable de profiter de cette quiétude, de cette beauté d’un soleil plongeant. Un privilège, un temps suspendu. Un instant de douceur. Des minutes de bonheur. Il n’y a qu’à observer pour édulcorer ses pensées. Il n’y a qu’à imaginer pour oublier ses angoisses comme si tout d’un coup, dans ce monde de stress on devenait capable de tout relativiser.
A sa demoiselle Germaine, Jacques Brel vantait le pouvoir des bonbons au détriment de celui des fleurs : « Je vous ai apporté des bonbons parce que les fleurs c’est périssable. Les bonbons c’est tellement bon.» Aurait-il su trouver sa Germaine au pied de la grande roue du Jardin Albert 1er ? Il aurait au moins dénicher des sucreries à gogo, celles qui rendent gagas les têtes blondes, celles qui font froncer les sourcils financiers des mamans. Mais c’est tellement bon de se noyer dans les barbes à papa, succomber de gourmandise pour des churros sournoisement attirants…
“I love to love you baby… When you’re laying so close to me there’s no place i’d rather you be than with me here…” Les bilingues traduiront eux-mêmes les paroles de cette chanson « love to love you baby » de Donna Summer reprise par No Doubt et sa chanteuse Gwen Stefani. C’est sur cet air très entraînant que la jeune Sandra du Nice Côte d’Azur Patinage fit une exhibition exemplaire sur la patinoire temporaire de l’Espace Masséna pour une glisse rafraîchissante. Double axel, arabesque, pirouette avec en arrière plan les clochers du Vieux-Nice et la colline du château : le tableau se savoure délicieusement. Tout s’éclaire. La nuit arrive. On n’a pas envie de la retenir. Elle ne doit pas faire sa timide. Elle est la bienvenue même si à cause d’elle, l’air devient moins doux. L’obscurité s’approprie Nice mais les illuminations transformeront le décor et le village de Noël. C’est différent, tout aussi gracieux et un peu plus féerique.
Ainsi allait la vie à Nice un beau mercredi de décembre si on prenait le temps d’apprécier. La morale de cette histoire, de ce conte, de cet article anodin est que chaque chose est appréciable si on la contemple au lieu de la voir furtivement.